Photo : Ruben de Abreu, président de l’Union Franco-Belge durant les discussions du comité de fin d’année 2019 de la Conférence Générale. Photo : Adventist News Network.
Source : Adventist World Février 2020 et Adventist News Network
La discussion fort attendue d’une discipline possible envers les entités de l’Église jugées non conformes aux votes et aux règlements sur la consécration a été témoin de rebondissements surprenants alors que les délégués du Concile annuel de 2019 de la Conférence générale (GC) se colletaient avec des valeurs divergentes.
Le mardi 15 octobre 2019, de nombreux orateurs ont souligné le contraste important de préserver l’ordre de l’Église tout en agissant avec équité envers les organisations de l’Église dont les assemblées constituantes ont voté d’autres approches aux positions votées sur la consécration.
Les interventions des membres du comité ont abouti à deux motions séparées pour accepter les recommandations soulignées dans le document intitulé « Recommandations résultant du Concile annuel de 2018 sur la mesure de conformité ». Le document proposait des avertissements envers quatre unions de fédérations et des réprimandes publiques envers les présidents de deux autres unions.
Les délégués ont voté d’accepter la première recommandation de donner des avertissements à certaines unions, et voté d’amender la seconde recommandation, modifiant la recommandation de donner une réprimande publique à deux membres du comité, pour en faire un avertissement aux organisations de l’Église respectives qu’ils représentent.
PRÉSENTATION DE LA MESURE PROPOSÉE
« Ce n’est vraiment pas une situation facile », a dit Ted N. C. Wilson, président de l’Église adventiste mondiale alors qu’il présentait la proposition. « J’ai personnellement lutté avec le Seigneur au sujet de cette situation. »
Ted Wilson, qui présidait la session, a ensuite présenté les étapes franchies par la GC depuis la mesure votée lors du Concile annuel de 2018, laquelle soulignait un processus pour aborder les mesures de non-conformité et disciplinaires perçues pour les entités jugées non conformes. Le processus impliquait principalement les divisions contribuantes, les corps administratifs régionaux de la Conférence générale, le temps donné pour évaluer et aborder la non-conformité perçue à l’intérieur de leurs territoires. En outre, une lettre a été envoyée par la GC aux divisions en question le 4 juin 2019, leur rappelant les stipulations de la mesure de 2018, et leur demandant de rapporter sur le statut de telles organisations à l’intérieur de leur territoire.
Ted Wilson : « Que vous répondiez favorablement ou non à la recommandation, au moins, vous saurez que vos dirigeants ont fait ceci en demeurant fidèles à la mesure votée en 2018. »
Ted Wilson a aussi clarifié le statut des comités de non-conformité, établis par le comité administratif de la GC (ADCOM), et auxquels il a été fait référence dans la mesure de 2018. « Ils sont toujours là, a dit Ted Wilson. Ils sont encore là, ils n’ont pas été éliminés. » Cette clarification a été présentée en raison de rapports au cours des derniers mois selon lesquels les comités de non-conformité avaient été démantelés.
Selon Ted Wilson, l’ADCOM a choisi de ne pas utiliser les comités de non-conformité parce qu’ils avaient été « tellement calomniés » suite à leur apparition dans le document de non-conformité de 2018. Ted Wilson a dit que les comités de non-conformité sont des comités consultatifs à l’ADCOM, et a rappelé aux délégués que la mesure de 2018 a spécifié que l’ADCOM « peut » utiliser les comités de non-conformité.
NATURE DES RECOMMANDATIONS
Ted Wilson a ensuite rapporté qu’« aucune réponse appropriée n’avait été fournie pour les changements dans les entités qui sont nommées à l’intérieur des recommandations proposées », lesquelles ont mené à la proposition à l’étude lors du Concile annuel de cette année.
« Je ne suis au courant d’aucun précédent dans l’histoire de notre Église – à moins que je ne me trompe – où il y a eu une mesure directe contre une mesure votée en session de la Conférence générale de la part des entités, a continué Ted Wilson. C’est la raison pour laquelle cette situation assume un profil assez important. »
Par conséquent, le document « Recommandations résultant de la mesure de conformité du Concile annuel de 2018 » faisait appel à des avertissements officiels devant être donnés aux unions des fédérations danoises, norvégiennes, suédoises et à l’Union des fédérations du nord de l’Allemagne. Ces entités « ont pris des mesures qui ne sont pas en harmonie avec les Règlements de travail et les pratiques sur les lettres de créance », a déclaré le document.
Les mesures prises par les quatre unions concernent les décisions au niveau de l’union pour mandater hommes et femmes pasteurs (comme opposé à la consécration des hommes et à la commission des femmes), parmi d’autres variantes.
Une seconde recommandation concernait deux autres unions, dont les comités exécutifs avaient auparavant voté en faveur de la pratique de la consécration des femmes. Le document a nommé l’Union des fédérations de Columbia, et l’Union des fédérations du Pacifique, toutes deux dans la Division nord-américaine (NAD), et s’est référé à elles comme étant « dans un état de non-conformité persistante ».
Le document a recommandé que les « présidents des entités susnommées comme étant les individus représentant l’entité de non-conformité reçoivent une “réprimande publique” tel que prévu dans le document voté lors du Concile annuel de 2018 ».
INTERVENTIONS DES MEMBRES DU COMITÉ
Les interventions des membres du comité ont commencé par une invitation de Ted Wilson envers n’importe lequel des présidents représentant les unions en question à exprimer leurs pensées. Alors que les délégués ont imposé une limite de deux minutes pour chaque intervention, le temps s’est étendu pour ces dirigeants à quatre minutes chacun, commençant par les quatre présidents de l’Europe dont les unions devaient être officiellement averties.
Robert Sjolander, président de l’Union des fédérations suédoises : « Un tiers de nos pasteurs dans l’Union suédoise sont des femmes. Je suis extrêmement fier de chacune d’entre elles. Ces femmes, avec le reste de nous en Suède, n’insistent pas pour être consacrées. » Robert Sjolander a dit que son union a respecté la décision de San Antonio de ne pas consacrer les femmes au ministère en choisissant de ne consacrer ni les hommes ni les femmes au ministère.
Victor Marley, président de l’Union des fédérations norvégiennes, a offert la perspective que son union se conforme aux Règlements de travail de la GC, ainsi qu’à la croyance fondamentale n° 14, laquelle souligne la non-discrimination basée sur différents facteurs, y compris le sexe.
Johannes Naether, président de l’Union du nord de l’Allemagne, a ajouté des commentaires semblables. « Nous traitons les hommes et les femmes en égaux, a-t-il spécifié. Pour nous, c’est une valeur fondamentale, un droit de la personne que nous pensons être exprimé dans la Bible et dans la croyance fondamentale n° 14. »
Thomas Muller, président de l’Union des fédérations danoises : « Nous devons creuser un peu plus profondément dans la boîte à outils, et trouver d’autres moyens de parler, de découvrir, de résoudre les problèmes ». Il a exprimé sa préoccupation qu’en suivant ce plan d’action, « nous aliénons nos membres de l’Église mondiale ».
Parlant en faveur de la motion, G. T. Ng, secrétaire exécutif de la GC, a dit qu’il a apprécié les interventions des présidents parce qu’il voit qu’ils « essaient de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour se conformer à l’Église mondiale ». Cependant, aussi sérieux qu’aient été leurs efforts, a dit G. T. Ng, « ils ne se conforment toujours pas ». Il a aussi rappelé aux membres du comité qu’ils ne discutent pas du processus, lequel a été voté en 2018. « Ce que nous faisons maintenant, c’est de mettre en œuvre le processus », a-t-il dit.
Sur cette note, Roger O. Caderma, président de l’Union des fédérations du sud des Philippines, a rappelé aux délégués que « c’est déjà de notoriété publique qu’il y a des conséquences pour les ouvriers ou les entités en non-conformité ».
« Je m’attendais à un certain niveau de remords dû au fait que nous sommes allés à l’encontre de ce qui a été apporté à notre forum. Je ne comprends pas. À défaut de trouver un terme meilleur, l’étalage ouvert de l’impunité est inquiétant », a dit Nana Kofi Nimako, un délégué laïque de la Division Afrique centre-ouest. « Et si un jeune défiait son leadership en disant que sa conscience le mandate à faire quelque chose de mal ? Que ferait le leadership ? »
Jan Paulsen, ancien président de la Conférence générale, a aussi partagé sa réflexion sur l’avenir. « Où est-ce que cela va nous mener ? a-t-il demandé. Et si elles [les unions] ne peuvent appliquer les changements que certains des dirigeants demandent ? Je ne puis voir que c’est le moyen par lequel Dieu veut que nous procédions. »
D’autres ont reconnu directement le dilemme avec lequel lutte le comité exécutif. « Nous avons une décision qui a été prise aux paliers les plus élevés, lesquels ont besoin de soutien, parce que nous pouvons voir les effets d’avoir, on dirait, chacun y allant de sa propre manière », a dit Leslie Pollard, président de l’Université Oakwood.
« D’un autre côté, nous avons un groupe de collègues plaidant avec le comité : “S’il vous plaît, laissez-nous accomplir la mission selon notre contexte respectif.” » Leslie Pollard a ensuite demandé de façon rhétorique : « Qu’est-ce qui est le plus urgent, la conformité ou la mission ? »
« En tant que corps mondial, je veux appeler mes frères des deux côtés du débat », a dit Kenaope Kenaope, président de l’Union des fédérations du Botswana, lequel a offert d’autres réflexions là-dessus. « La façon dont je le comprends, l’unité signifie que l’on ne doit pas nécessairement être d’accord, mais qu’il faut coopérer dans l’intérêt de l’unité. »
La discussion sur la recommandation s’adressant aux deux unions de la NAD nommées dans le document a pris une tournure inattendue avec un amendement à la motion pour changer la réprimande publique à l’endroit des deux présidents d’union pour en faire un avertissement, le même qui avait été donné aux unions de la Division transeuropéenne et de la Division intereuropéenne.
Dave Weigley, président de l’Union de Columbia et l’un des dirigeants recommandés pour la réprimande publique, a dit qu’il « apprécierait l’amendement » parce que cela lui donnerait une chance de revenir au Concile annuel ou à l’ADCOM pour « essayer d’expliquer le “pourquoi” derrière [la mesure de l’Union des fédérations de Columbia] ».
Ted Wilson a rappelé à Dave Weigley ceci : « Nous avons planché là-dessus pendant sept ans », et a ajouté : « Nous travaillons par le biais d’un système représentatif, et la division est censée travailler avec vous. C’est ce que nous lui avons demandé de faire. »
Le commentaire final a été fait par Ricardo Graham, président de l’Union des fédérations du Pacifique, et second président pour lequel on a recommandé une réprimande. « Je veux déclarer que je suis un adventiste du septième jour aujourd’hui, et que je le serai demain, peu importe ce que donne ce vote, a-t-il dit. Je serai un adventiste du septième jour, croyant aux 28 croyances fondamentales, croyant en l’Esprit de prophétie, croyant en la Bible jusqu’à ma mort. Personne dans l’Union du Pacifique ne parle de quitter l’Église mondiale. »
RÉSULTATS DU VOTE
Les votes sur les deux recommandations se sont effectués au scrutin secret. La première motion d’avertir les quatre unions des divisions Européenne a donné un vote de 164 pour contre 124 contre. La motion maintenant amendée pour avertir les deux unions de la Division nord-américaine a passé par une marge de 190 contre 94.
Tel que cité dans le document soulignant les recommandations, le résultat de ce vote fournit aux organisations averties une occasion de se conformer aux mesures et aux règlements votés avant de passer à toute autre étape disciplinaire.
Le document qui a été dévoilé aux délégués, et qui contenait les recommandations disciplinaires originales, a aussi déclaré que « chacune des entités nommée comme étant en non-conformité a l’occasion de porter cette mesure en appel par les processus déjà stipulés dans le document du Concile annuel de 2018 et les Règlements de travail ».