La Conférence générale de l’Église adventiste du septième jour a organisé au Camp, en Afrique du Sud, une rencontre internationale de quatre jours de mars pour 350 leaders adventistes à travers le monde. Le Centre de convention international du Cap a accueilli des délégués de différentes Divisions administratives pour aborder ce thème : « À l’image de Dieu : Écritures. Sexualité et Société ».
Le dysfonctionnement familial, les traumatismes sexuels et d’autres facteurs contextuels sont souvent identifiés comme les éléments déclencheurs d’un comportement homosexuel, mais la réalité est peut être plus nuancée que ce que veulent bien admettre certaines communautés religieuses, a déclaré ce matin un adventiste du septième jour, spécialiste des sciences comportementales, lors de cette Convention.
« Nous avons tendance à voir les choses à travers un filtre noir ou blanc. Les nuances de gris qui existent provoquent pas mal d’anxiété, » a affirmé Curtis Fox, professeur et président du département de Relation d’aide et de Sciences familiales à l’Université de Loma Linda, dans l’État de Californie.
La présentation de Curtis Fox ce week-end dans le cadre de cette Convention, a proposé une perspective éclairée par les sciences sociales sur les défis posés par l’approche de l’Église adventiste sur la communauté gay et lesbienne.
« La réalité est complexe, » a affirmé Curtis Fox, en poursuivant : « Des explications simples ne suffiront pas, elles seront considérées comme peu utiles par ceux qui sont concernés par cette nature».
« Ce qu’on appelle la « thérapie réparatrice » a t’il déclaré, l’orientation sexuelle de chaque individu est exclusivement une question de choix qui peut être inversé grâce à l’exercice de la volonté dans un environnement Chrétien offrant son soutien.
Bien que certaines personnes disent avoir fait l’expérience de la transformation personnelle grâce à une telle thérapie, d’autres indiquent qu’il n’y a eu aucun changement dans leur attirance pour des personnes de même sexe, et dans beaucoup de cas, on rapporte un traumatisme psychologique et émotionnel exacerbé, a dit Curtis Fox. De tels résultats ont soulevé de « sérieuses préoccupations » et ont poussé de grandes organisations de santé physique et mentale aux États-Unis à « dénoncer » la thérapie réparatrice.
Curtis Fox a aussi présenté les effets des « préjugés sociétaux » à l’encontre des jeunes de la communauté LGBT. Les jeunes gays et lesbiennes marginalisés sont plus susceptibles, a t-il dit, de faire des tentatives de suicide, de connaître des hauts niveaux de dépression, d’abuser de la drogue et d’être plus vulnérables au HIV et aux MST.
Il a poursuivi en dénonçant des mythes très répandus au sujet des membres de la communauté gay et lesbienne, entre autre l’idée par exemple que la plupart des pédophiles sont gays, ou encore que les relations gays sont éphémères, ou que les parents gays élèvent en général des enfants gays.
« Mon rôle en tant que spécialiste des sciences comportementales est d’amener les gens à réfléchir, à inspirer le dialogue et avoir un esprit d’investigation dans la recherche de la connaissance, » a précisé Curtis Fox, admettant aussi qu’il amène sont propre « lot d’idées préconçues » autour de la table de discussion.
« Ma vision biblique du monde prend en compte la création par Dieu ainsi que la chute. Par conséquent, le hasard, la variation, l’anomalie et la dégénérescence font maintenant partie de la réalité humaine, » a t-il dit. « Dieu œuvre avec les humains dans leur imperfection, mais l’Église adventiste n’a pas à s’excuser de sa position sur les relations gays et lesbiennes. »
Elle devrait plutôt devenir « adroite dans l’interprétation et la déclaration des vérités telles qu’elles sont révélées, et ce, dans un environnement fortement défensif, politiquement chargé et radicalement individualiste. »
L’approche de l’Église, a dit Curtis Fox, « devrait alors être caractérisée par l’humilité – pas la bigoterie, la haine et la marginalisation. Nous devons adopter, non seulement le message de Jésus, mais aussi les méthodes que Jésus a utilisées pour exercer son ministère. Nous à l’Église, sommes appelés à aimer l’homosexuel comme notre prochain, pas moins que nous n’aimons notre prochain hétérosexuel. »
Trois membres adventistes qui étaient gays auparavant ont raconté leurs histoires lors d’un panel organisé à l’occasion du sommet organisé par la dénomination sur la sexualité, discutant leurs parcours pour abandonner l’activité homosexuelle.
Ron Woolsey, un pasteur adventiste et fondateur du « Ministère du chemin étroit, » Virna Santos, présidente du ministère « En contemplant son amour, » et Wayne Blakely, fondateur du « Ministère connaître son amour. » sont intervenus durant le sommet. L’Église adventiste mondiale tient cette semaine son sommet «, » au Centre de Convention International du Cap, en Afrique du Sud.
« Nous sommes ici ce soir afin d’écouter des témoignages, » a dit le modérateur du panel, Bill Knott, rédacteur en chef du magazine Adventist Review. « Nous sommes ici pour écouter des croyants nous raconter la manière dont Dieu les a rachetés. »
Bill Knott a invité les membres du panel à partager leurs expériences à différents moments de leurs vies.
Ron Woolsey a dit qu’il a grandi dans un « bon foyer de adventiste, » mais il a été l’objet d’agressions sexuelles de la part d’un ami de la famille. Depuis ce moment, il s’est retrouvé à prêter de plus en plus attention aux relations entre personnes du même sexe. Alors qu’il était dans une institution éducative adventiste, il a commencé à nouer des relations et s’est finalement marié, pensant que le mariage était la solution à son problème d’identité et de relations. Quand sa jeune épouse a découvert les relations qu’il entretenait avec des hommes, alors son mariage n’a pas résisté.
Après plus de 15 ans dans de nombreuses relations gays, Ron Woolsey est revenu à la foi de son enfance et à une relation avec Christ grâce à l’étude de la Bible et des livres d’édification d’Ellen White. « J’ai commencé à lire Vers Jésus avec une cigarette à la main et un verre de martini à côté de moi, » a t-il dit ironiquement. « Arrivé au chapitre 5, j’avais éteint la cigarette. »
Ron Woolsey a été rebaptisé, et bientôt a commencé à raconter l’histoire de sa guérison à des groupes dans les églises à travers les États Unis. Marié depuis 21 ans, il est le père de cinq enfants, et est pasteur consacré dans la Fédération adventiste de l’Arkansas et de la Louisiane.
Pour Wayne Blakely, le rejet de sa mère très tôt pendant son enfance – elle avait souhaité avoir une fille – l’a rapidement poussé à rechercher des relations avec des hommes. Placé dans plusieurs situations d’adoption, il a été élevé successivement par plusieurs membres de sa famille qui ayant remarqué son comportement particulier, l’ont envoyé consulter des psychologues et des pasteurs.
Invité à l’âge de 18 ans par un ami d’école à rejoindre une communauté gay, Wayne Blakely avoue qu’il a trouvé là une acceptation qu’il n’avait pas connue auparavant. « C’est à ce moment que j’ai abandonné Dieu, » a t-il dit.
S’ensuivirent plus de 30 ans de relations avec de nombreux partenaires sexuels et aussi d’usage de drogue ; pendant cette période Wayne Blakely a vu 40 amis gays mourir pendant les premières années de l’épidémie du HIV/SIDA.
Une série de moments providentiels a permis de me ramener vers la foi, dit W. Blakely, y compris les prières d’amis qui ne l’avaient pas abandonné. Pendant sa jeunesse, Wayne Blakely avoue avoir fait cette prière, « Dieu, redresse moi. » Avec le recul, il réalise que l’objectif n’était pas un changement d’orientation mais d’arriver à connaître Jésus-Christ comme son Sauveur, c’était bien cela son objectif.
Virna Santos elle, croit que son parcours vers l’expérience lesbienne est enracinée dans une situation de famille douloureuse et dysfonctionnelle. Victime d’agressions sexuelles durant son enfance, « personne ne m’a dit que [l’agression] n’était pas de ma faute, » confie t-elle.
La famille de Virna Santos a rejoint l’Église adventiste alors qu’elle était adolescente, mais elle luttait contre l’attraction vers des personnes de même sexe pendant toutes ses années au collège et a entretenu une relation lesbienne secrète. Elle est allé vivre à San Francisco et est devenu une militante politique des droits des homosexuels, et elle est dit-on, la première personne à adopter sous la loi AB25 dans l’État de Californie qui permet dans les couples de personnes du même sexe, d’adopter les enfants de son partenaire. La terrible désillusion pour la communauté des gays et lesbiennes qui a suivi le passage de la Proposition 8 en Californie, et qui ne permettait plus d’avoir de mariages homosexuels, s’est avérée être une véritable crise pour Virna Santos.
Un intérêt ravivé pour l’Adventiste a débouché sur une série d’expériences spirituelles personnelles et profondes qui ont mis en lumière pour Virna Santos l’importance de l’enseignement de l’Église à propos de la signification et de la pertinence du sanctuaire céleste. Comprenant pour la première fois que Jésus était son avocat, elle a commencé à réévaluer la vie qu’elle menait.
Un service de Communion un samedi matin est devenu alors pour Virna Santos un moment charnière. Elle se souvient de son émerveillement en voyant l’épouse du pasteur lavant les pieds d’une lesbienne orgueilleuse.
Le modérateur du panel, Bill Knott a demandé si les récits relatés par les membres du panel devraient être considérés comme typiques. Au cours de ces récentes semaines, il y a eu un certain nombre de voix qui se sont élevées pour remettre en question l’authenticité de ce programme parce que les organisateurs auraient choisi d’entendre principalement ceux qui ne sont plus des pratiquants de l’homosexualité. Comment répondrez vous à ces commentaires ?
Ron Woolsey a répondu : « eh bien nous avons vécu ça. Nous avons été à leur place. Nous avons donné ces mêmes arguments pendant toute notre vie. Nous en sommes sortis. Nous avons appris à mettre Dieu d’abord, pas nous mêmes. »
Virna Santos a déclaré qu’elle a partagé le récit de sa conversion avec ses amies lesbiennes, en disant, « J’ai fait une expérience avec Jésus Christ et je ne suis plus lesbienne. Mais je ne suis pas meilleure que vous. » Elle se rappelle que la partenaire d’une amie lui a dit : « Je suis contente pour toi. Ca se voit sur ton visage. Tu as trouvé l’amour de ta vie. »
Virna Santos a rappelé aux délégués, « Nous ne sommes pas meilleurs qu’eux. » Elle dit être l’amie de plusieurs de ceux qui ont écrit pour exprimer leurs préoccupations sur cette rencontre au Cap « Ce qui intéresse Dieu, c’est d’avoir une relation. Il m’a cherché…J’ai la foi que même mes amis viendront bientôt frapper à notre porte. »
Des questions écrites venant des délégués ont permis de conclure la session de 90 minutes ; ces questions cherchaient à déterminer si les membres du panel se considèrent toujours comme gays ou lesbiennes, ou encore comment l’Église devrait traiter les personnes qui sont attirées par des personnes du même sexe et qui pratiquent l’homosexualité ; et aussi la nature des ministères dans lesquels ils servent maintenant. Souvent interrompus par les applaudissements de l’auditoire, les trois participants ont continué de décrire la puissance transformatrice de Christ comme étant la raison de leurs nouvelles vies.
« Nous avons vu et entendu le courage ici ce soir, » a conclu Bill Knott. Avec les applaudissements continus de l’assistance, il a ajouté, « exprimons notre appréciation à ceux qui ont partagé leurs témoignages de rédemption avec nous. »
Source : ANN/BIA