A l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, l’Église adventiste de Neuilly-sur-Seine a organisé le samedi 13 octobre une journée spéciale sur le thème : Regards bibliques sur les Droits de l’homme.
Cette Déclaration a été adoptée le 10 décembre 1948 à Paris par les 58 États-membres qui constituaient alors l’Assemblée générale de l’ONU. Ce document fondateur, traduit dans plus de 500 langues différentes, continue d’être une source d’inspiration pour promouvoir l’exercice universel des Droits de l’homme.
Quel est donc le lien entre cette Déclaration et la Bible ? Quel regard les chrétiens peuvent-ils porter sur les différents articles qui la composent ?
Voici certaines des questions qui ont été abordées par les différents intervenants de cette journée : Jean-Christophe Fromantin, Maire de Neuilly, Emmanuel Belluteau, magistrat à la Cour des comptes et représentant de l’Eglise catholique auprès du Conseil de l’Europe pour les personnes en situation de handicap, le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, le pasteur adventiste John Graz, directeur du Centre international de la liberté religieuse et des affaires publiques, le pasteur Gabriel Monet, doyen de la faculté adventiste de Collonges-sous-Salève, et Moshe Taïeb, rabbin de l’une des deux synagogues de Neuilly.
John Graz a prêché le matin dans le cadre du culte sur le thème Liberté et vérité, ou Liberté ou vérité ? en évoquant l’exemple de l’apôtre Paul qui, convaincu d’avoir la vérité, persécutait les chrétiens, mais qui fut transformé par le Christ. John Graz a rappelé aux nombreuses personnes présentes que nous étions invités à suivre les pas de Paul, que notre amour de la liberté ne devait pas nous conduire à nous taire ou à banaliser la vérité, et que notre amour de la vérité devait nous transformer, à l’exemple de Paul, en défenseurs de la liberté et en proclamateurs de la vérité.
Gabriel Monet a animé le temps du partage biblique en rappelant que l’égalité, la fraternité et la liberté qui induisent toute la Déclaration universelle des droits de l’homme étaient des valeurs éminemment bibliques. Il a invité chaque groupe à réfléchir à ces trois notions.
L’après-midi s’est tenu un colloque animé par Gabriel Monet aves les différents invités. Il est difficile de synthétiser la richesse des propos tenus par les cinq intervenants. Néanmoins, quatre idées fortes peuvent être mises en évidence. Tout d’abord, il importe de souligner la valeur de l’être humain, de tout être humain. Prôner et défendre les droits humains c’est donc affirmer et reconnaître que chacun est précieux, malgré ou même peut-être justement du fait des fragilités, de la vulnérabilité. La dignité de toute personne est intrinsèque à son existence même. Deuxièmement, le rapport au divin et la foi dans le Dieu créateur apporte un supplément d’âme qui soutient et renforce les valeurs sous-tendues par la Déclaration universelle des Droits de l’homme : l’égalité, la fraternité, la liberté. La foi, dans sa dimension verticale, a un impact sur les relations horizontales que les humains peuvent entretenir ; l’encouragement à aimer son prochain, ou même à voir Dieu en l’autre, contribue à tendre vers l’idéal prôné par cette Déclaration. Troisièmement, le fait de respecter les droits humains passe immanquablement par l’acceptation de l’altérité ; la différence est une richesse et non une contrainte, elle ne pousse pas vers l’individualisation qui tendrait à une forme d’isolation, mais à la personnalisation qui prône de valoriser l’autre dans les rapports interpersonnels. Quatrièmement, parce que les droits humains ne sont pas une évidence partout et que leur application est trop souvent bafouée, il importe de développer un esprit de résistance, afin de prôner sans cesse leur mise en œuvre. Enfin, en guise de conclusion il n’est pas inutile de rappeler que le fait de déclarer les droits de l’homme ne suffit pas à leur application mais peut malgré tout au moins engager ceux qui font leur cette déclaration à changer leur regard sur autrui, ce qui est un préalable essentiel et un exemple fructueux en vue de leur généralisation.
Deux cent cinquante personnes ont assisté à ce colloque, puis ont pu profiter de l’exposition Martin Luther King, 50 ans après, rappelant le parcours et les actions de ce grand défenseur des Droits de l’homme.
Parallèlement à ce colloque, huit étudiants en théologie venus spécialement de Collonges-sous-Salève, en Haute-Savoie, ont animé des ateliers pour les différents groupes de jeunesse.
Enfin, un grand concert donné par le trio 3 Voices et l’Ensemble vocal Crescendo sur le thème Elevons nos voix a clôturé la journée. Les deux ensembles ont terminé par le chant We Shall Overcome qui nous rappelle qu’un jour nous remporterons la victoire, nous marcherons tous main dans la main et nous vivrons en paix – ce que nous pouvons commencer à vivre dès aujourd’hui.
Isabelle Monet.