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Internationales

Quand envoyer du matériel à Haïti ne suffisait pas

By 10 décembre 2021No Comments

Lorsqu’un séisme de magnitude 7,2 a frappé le sud-ouest d’Haïti le 14 août 2021, la communauté internationale s’est empressée d’envoyer de l’aide. Mais pour trois anciens étudiants d’Union College aux États-Unis, l’envoi de matériel n’était pas suffisant.

Janae Schumacher, Justin Dena et Lauren Lombard, diplômés en Interventions de secours et d’Aide humanitaire internationales (IRR), se sont portés volontaires avec Educáre, une organisation haïtienne, pour apporter une aide médicale aux personnes les plus touchées par la catastrophe. Janae Schumacher, une intervenante paramédicale, a aidé les médecins à prodiguer des soins médicaux, tandis que Justin Dena coordonnait la mobilisation de l’équipe et d’autres moyens logistiques depuis le terrain en Haïti. Même si Lauren Lombard travaillait à distance, elle a pu apporter son expertise en communication, en organisation et en collecte de fonds pour aider les efforts d’Educáre.

L’équipe médicale a parcouru les montagnes entourant l’épicentre du séisme, là où l’aide était la plus nécessaire et la moins disponible. Janae Schumacher a déclaré : « Personne d’autre n’est allé là-bas parce que pour y aller, il fallait marcher dans les montagnes. Un jour, nous avons parcouru près de 13 kilomètres avec tout notre matériel médical pour installer une clinique au sommet d’une montagne. En travaillant avec les communautés locales, nous avons pu nous rendre dans les zones qui avaient les plus grands besoins. Notre groupe est sorti et a rencontré les gens là où ils étaient. »

Educáre a été fondée après le tremblement de terre survenu en Haïti en 2010. Lauren Lombard s’est rendue en Haïti pendant sept semaines pour prendre part aux efforts humanitaires et a noué de nombreux liens avec les Haïtiens avec lesquels elle a servi. Lorsqu’ils ont formé une organisation pour proposer une meilleure éducation aux enfants de la région, elle s’est jointe à la cause. Depuis lors, Lauren Lombard a continué à faire du bénévolat avec Educáre. Elle travaille dans une organisation à but non lucratif qu’elle a cofondée, We Nourish (Nous nourrissons), qui permet d’avoir accès à la nourriture dans sa communauté dans le Minnesota. Lauren Lombard a présenté Justin Dena au président d’Educáre, Jameson Leo, en 2017. Justin Dena a réalisé une grande partie de son travail avec Singing Rooster, une organisation qui soutient les petites exploitations de café appartenant à des Haïtiens.

Lorsque le séisme de 2021 a frappé, Educáre s’est orientée vers les interventions de secours en cas de catastrophe pour répondre aux besoins actuels du pays. Justin Dena a contacté Janae Schumacher, qu’il avait rencontrée au moment où leurs périodes passées dans le programme IRR de Union College se sont chevauchées ; il l’a invitée à rejoindre l’équipe. Leurs plans de voyage ont été retardés à cause de la tempête tropicale Grace, qui a frappé Haïti deux jours après le séisme. Cependant, ils ont pu se joindre à l’équipe de médecins haïtiens locaux et commencé à organiser des cliniques d’urgence quelques jours après la catastrophe.

« Nous étions dans une position unique en ce sens que nous étions une organisation haïtienne avec des volontaires haïtiens, » a dit Lauren Lombard. « Tous, à l’exception des deux Américains qui s’étaient joints au groupe, étaient des locaux. Ils parlaient la langue et connaissaient très bien les dangers et la façon d’y faire face. En tant qu’organisation qui n’était pas juste de l’aide étrangère qui arrivait, nous avons eu un impact sur la communauté locale. »

Parce que la zone dans laquelle travaillait l’équipe était si éloignée, ils ont encore vu des blessures qui n’avaient pas été soignées plusieurs semaines après le tremblement de terre. « Nous avons fait beaucoup de soins de plaies, » a expliqué Janae Schumacher. « C’était ma principale occupation ; j’ai fait du nettoyage de plaies. Quand j’ai commencé, il y avait des blessures qui remontaient à près d’une semaine, et au moment où je suis partie, je traitais des blessures qui remontaient à trois ou quatre semaines et qui n’avaient reçu aucune attention. Nous avons dû enlever les tissus morts des plaies, les nettoyer et faire en sorte qu’elles puissent commencer à guérir. Pour certaines d’entre elles, nous faisions des points de suture si elles n’étaient pas trop sévèrement abîmées, puis nous donnions des antibiotiques. »

Une préoccupation majeure pour l’équipe d’Educáre était la pénurie d’antibiotiques. De nombreux patients souffraient d’horribles infections dues à leurs blessures non traitées. La demande d’antibiotiques était supérieure à la quantité disponible. En plus de cela, les infrastructures endommagées rendaient difficile le transport du stock disponible là où on en avait le plus besoin. Le transport de matériel dans les montagnes haïtiennes est toujours un défi, et le tremblement de terre et la tempête ont compliqué les choses en détruisant des parties du réseau routier et en perturbant les tours de téléphonie mobile.

Justin Dena a déclaré : « Parce que les tours téléphoniques ont été endommagées, la communication était très limitée et peu fiable, ce qui a rendu difficile la coordination de nos efforts de secours. » Malgré les défis, Educáre a traité plus de 1700 patients dans 12 cliniques différentes. En collaboration avec HERO, une organisation qui propose des vols médicalisés, et les Garde-Côtes américains ont organisé le transport aérien de huit des personnes les plus gravement blessées vers la capitale haïtienne, Port-au-Prince, pour qu’elles soient hospitalisées.

« Notre premier pont aérien a été pour une fillette de cinq ans nommée Islande, » a dit Lauren Lombard. « Une brique est tombée sur sa tête et l’a fendue. La blessure a commencé à s’infecter, puis il y a eu une réplique, et un mur s’est effondré et l’a heurtée. Cela lui a complètement ouvert la tête. Nous avons pu la faire transporter par avion jusqu’à la capitale et l’amener dans le meilleur hôpital du pays avec le meilleur neurochirurgien. Il a fallu plusieurs jours pour la faire opérer, car ils ont dû faire de nombreux tests, des analyses et des scanners. Dans le processus, ils ont découvert qu’elle avait une tumeur au cerveau.

« Ce qui est vraiment incroyable, c’est que la tumeur l’a protégée de graves lésions cérébrales lorsque le mur lui est tombé dessus, et le mur qui lui est tombé dessus est ce qui a permis de découvrir et de traiter sa tumeur, » a dit Lauren Lombard. « L’opération a été faite et Educáre s’est engagée à couvrir ses frais médicaux. Cependant, elle a été couverte par une subvention pour l’intervention humanitaire suite au tremblement de terre. Islande est maintenant à la maison et se porte bien, et Educáre l’aidera à se rendre à ses visites de suivi. Nous pensons qu’elle a été sauvée pour faire de grandes choses à l’avenir. C’est le cas de tous les enfants avec lesquels Educáre a travaillé. »

Lauren Lombard a déclaré que son éducation à Union College l’a aidée à se préparer aux défis de l’action dans les interventions de secours en cas de catastrophe. « J’ai associé la communication et le secours et l’aide humanitaire internationale, ce qui a été une très bonne combinaison » a dit Lauren Lombard. « Je n’avais pas prévu d’utiliser les choses que nous avons étudiées, mais elles ont directement éclairé les choses que je me suis retrouvée à faire. Les aspects de résolution de problèmes dans la façon dont vous gérez une crise ont été clairement mis en évidence dans les choses que nous avons étudiées et que nous faisions. »

Justin Dena a découvert sa passion pour le travail avec des organisations locales alors qu’il étudiait au Nicaragua dans le cadre du programme Interventions de secours et Aide humanitaire internationale proposé à Union College. Il a dit : « Alors que j’étais là-bas, j’ai rencontré Dr Caldera, qui, malheureusement, est décédé pendant que j’étais en Haïti. C’était un médecin local qui travaillait avec Union College pour enseigner aux étudiants du programme IRR. Il a été une grande source d’inspiration pour moi et m’a vraiment beaucoup appris sur le travail avec les organisations locales. J’ai aussi beaucoup appris de l’intervention IRR après l’Ouragan Harvey. Le fait de travailler dans la gestion des urgences pendant cette intervention m’a aidé à me préparer et à développer mes compétences. »

Bien que l’équipe Educáre ait rencontré de nombreuses difficultés, Justin Dena, Lauren Lombard et Janae Schumacher disent qu’ils n’auraient raté cette opportunité pour rien au monde. Justin Dena a dit : « Même si nous étions limités par des transports sur lesquels on pouvait à peine compter, des canaux de communication de mauvaise qualité, et un manque de matériel, nous avons pu faire beaucoup avec peu. »

Lauren Lombard a résumé ses expériences en ces termes : « Chaque fois que vous intervenez après une catastrophe, ce n’est pas commode, c’est épuisant et difficile, mais vous voyez les personnes auprès de qui vous aurez un impact, et chaque personne fait que cela en vaut à nouveau vraiment la peine. »

Author Pôle communications

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