4 juillet 2022 | Patrick Luciathe | Adventiste.mq
L’air était irrespirable au fond de la cale de ce bateau où étaient entassés ceux qui, contre leur gré, faisaient la traversée de leur pays vers une terre qui deviendrait le cimetière de leur liberté, le tombeau de leurs aspirations. Ils ne le savaient pas encore, mais ce qui les attendait relève du pur cauchemar : ils deviendront des meubles dont le quotidien sera rythmé par les mots exploitation, travail forcé, coups, mépris, privation. Et puis vient 1848. La liberté.
Liberté. Ce mot à lui seul évoque les chaines qui tombent, les bras levés en signe de victoire sur la servitude. Alors que des milliers de personnes célèbrent, à l’occasion du 22 mai, l’abolition historique de l’esclavage, on peut tout de même s’interroger sur les limites de la liberté obtenue depuis 1848.
L’histoire a projeté sur l’écran de nos mémoires les images horribles de ce qu’a été l’esclavage dans la Caraïbe au cours des siècles passés. Le simple fait d’imaginer des humains emmenant captifs d’autres humains, parce qu’ils représentaient de la main d’œuvre gratuite et que leur couleur de peau faisait prétendument d’eux des sous-hommes, fait froid dans le dos. Les chaines, les pieds coupés pour les évadés, les viols, la maltraitance sont quelques-unes des réalités de cette période traumatisante. Mais l’heure de la liberté va finalement sonner avec la déclaration de l’abolition de l’esclavage en 1848 ; une liberté dont les descendants d’esclaves eux aussi jouissent encore aujourd’hui.
La détermination des esclaves avait enfin payé. Après des siècles de servitude pendant lesquels leur dignité humaine leur avait été reniée, à coup de révoltes et armés d’un désir irrépressible d’affranchissement de ce système inique d’exploitation de l’homme par l’homme, les esclaves arrachent leur liberté, notre liberté.
Et pourtant, aujourd’hui, plus de 150 ans plus tard, la discrimination, le racisme, la haine, la méchanceté et l’injustice … n’ont toujours pas disparu. Pourquoi ? Parce que c’est le cœur de l’homme qui est mauvais et tant qu’il n’aura pas été régénéré spirituellement, il sera le terreau où pourront germer des maux comme l’injustice et l’esclavage. Alors, est-il possible d’être réellement libre en 2022 ?
La plus grande évasion n’est pas celle de Steve McQueen dans le film bien connu des années 60, mais celle qui consiste à échapper à la dictature du péché dans nos vies. Le péché est un véritable maitre d’habitation qui nous maintient courbés dans la servitude au mal. Les chrétiens que nous sommes sont appelés à être le temple du Saint Esprit, et non pas l’habitation où le diable règne en maitre. Être libre, vraiment libre, c’est bien plus que simplement revendiquer l’affranchissement que commémore le 22 mai, c’est passer des chaines de la haine aux liens de la fraternité ; c’est passer du rejet de l’autre à l’amour inconditionnel, c’est passer d’une identité reniée à celle de nouvelle créature, c’est passer d’une vie sans espoir, sans avenir heureux, à une vie marquée par la bienheureuse espérance du retour de Jésus, c’est passer d’un mauvaise estime de soi à la conscience de sa vraie valeur, celle qui nous est conférée par Christ avec le statut de fils ou fille du Roi, invité(e) au banquet de l’Agneau.
Malheureusement, en dépit de la formidable avancée qu’a constituée la déclaration de 1848, l’esclavage est encore bel et bien d’actualité aujourd’hui. Certes on ne voit pas de chaines ni de lynchage, mais l’homme est plus que jamais esclave de lui-même, de ses addictions, de ses travers, et la liberté commémorée chaque 22 mai n’a semble-t-il pas permis d’affranchir l’homme de ses démons-là.
La vraie liberté, celle qui surpasse toute autre, c’est celle qui rend l’individu heureux dans sa tête en dépit des circonstances. La vraie liberté c’est celle qui vous permet de vivre dans l’espérance d’un avenir meilleur dont la garantie a été donnée par le seul vrai libérateur que le monde ait connu : Jésus. La vraie liberté c’est celle qui nous donne la victoire sur le mal, sur le moi, celle qui nous permet de dire que même la mort n’a pas le dernier mot, c’est celle qui nous amène à aimer, à pardonner, à ne pas rendre le mal pour le mal même lorsque la logique humaine dit non. Cette vraie liberté n’est pas commémorée un jour de l’année, mais elle est réaffirmée toutes les fois où un homme, une femme, fait la démonstration qu’il ou elle est né(e) de nouveau, qu’il ou elle est une nouvelle créature, que le péché n’est plus le maitre, mais que Jésus est sauveur et Seigneur. En d’autres termes, chaque fois que je témoigne de la puissance du libérateur, chaque fois qu’au lieu de répondre par la haine je choisis de pardonner, d’aimer, d’avancer, je confirme que je suis affranchi, réellement libre.
Cette liberté, je l’ai obtenue grâce à une personne, le Christ. C’est bien Jésus qui en signant les documents de notre émancipation de son propre sang, nous rend réellement libres. La grâce de Dieu nous libère. Les Saintes Écritures disent dans Jean 8 : 32 que la vérité nous affranchira. Elles nous disent également que la vérité est une personne (Jean 14 :6).
Cette liberté en Christ n’est pas une autorisation de faire ce que bon nous semble en laissant la bride au cou à nos pulsions, mais plutôt une invitation à marcher dans l’obéissance aux enseignements de celui qui a brisé nos chaines. Paradoxalement, plus on est attaché à christ, plus on est libre, et plus on se détache de lui, plus la liberté est illusoire et correspond davantage à un esclavage qui s’ignore ou qui se déguise pour mieux resserrer son étreinte sur celui qui se croit libre. La logique du royaume détone avec la norme sociétale : le plus grand c’est celui qui est le serviteur de tous, le plus libre est celui qui obéit dans la soumission à Dieu, le premier c’est le dernier… c’est cette logique divine qui doit paramétrer notre regard sur la liberté et éclairer nos choix. Quel meilleur moment de s’en souvenir que cette période du 22 mai, jalon historique important où la libération des esclaves est célébrée.
En me soumettant à la volonté de Christ, je deviens un serviteur de Dieu et des autres. Littéralement dans le texte, je deviens un esclave (doulos en grec), comme Paul le dit dans Romains 1 : 1. Mais quel doux « esclavage » ! Dur à comprendre avec un mot à si forte connotation négative. Mais l’idée ici est de marquer la vie au service de Dieu et de ses semblables que mène celui qui a été réellement affranchi par le Christ. Je fais un choix d’obéissance volontaire qui est le résultat d’un amour réciproque. Je suis né pour vivre libre. Seuls ceux qui ont rencontré le vrai Libérateur ont compris qu’il n’y a pas pire esclavage que celui qui nous amène à croire que les liens qui nous unissent à Christ nous brident et nous privent du véritable bonheur. Les personnes les plus libres sur la planète sont celles qui ont accepté d’être liées à Christ, unies à Jésus ; celles qui ont choisi de soumettre leur volonté à la sienne et qui ont compris qu’elles ne sont rien sans Lui.
Alors, dans cette période où les commémorations de la liberté vont bon train, rappelons-nous notre histoire certes, mais n’oublions pas que le pire des esclavages, celui du péché, ne peut être aboli que par la puissance de Dieu. On peut être libre sans être libre. On peut n’avoir aucune chaine visible, mais être lié par nos penchants condamnables. Cet esclavage du péché est addictif et puissant. Mais chacun a le choix de déclarer victoire, de lever les bras au ciel en disant : « je suis libre, » parce qu’un être plus grand que moi, Jésus, a payé pour que mes chaines tombent, pour que je puisse marcher droit dans un monde crochu, pour que je puisse refléter les valeurs de son royaume et pour que j’avance en sachant d’où je viens, qui je suis, et surtout où je vais.
Dans une société où il y a tant de souffrance, d’injustice, d’exploitation, de haine, de vengeance…je nous invite à devenir des chrétiens marrons, à fuir tout ce qui nous éloignerait de la liberté offerte par notre Maître, le seul digne de ce nom, Jésus. Ce marronnage spirituel ne peut se réaliser sans l’intervention du Libérateur par excellence. Nous comprenons bien les limites de la liberté apportée par l’important jalon du 22 mai 1848. En effet, ni l’esclave Romain, ni Schoelcher, ou d’autres, aussi importantes qu’aient été leurs contributions, n’ont réussi à libérer l’homme de maux qui, plusieurs décennies après 1848, continuent de nous enchainer : la maladie, l’épidémie, la mort, la jalousie, pour ne citer que ceux-là…
Alors pourquoi ne pas faire d’aujourd’hui une date qui marque le moment où nous faisons le choix de la vraie liberté plutôt que de l’esclavage. Chacun de nous a encore l’opportunité de soumettre sa vie à Christ en le laissant nous transformer de telle sorte que nous puissions faire résonner les tambours de notre témoignage sur les mornes et dans les vallées pour dire à qui veut l’entendre : Je suis libre, libre de la culpabilité, il n’y a plus de condamnation car je suis en Jésus, je suis libre, la haine, le rejet, le refus de pardonner, la méchanceté ne sont plus mon style de vie. Désormais j’appartiens à un maitre, non pas un maitre d’esclaves mais à un maitre qu’il est bon de servir, car il est amour. Alors, Vive la liberté, en Jésus.
J’ai choisi de vivre libre et de le faire savoir.
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