L’Assemblée générale de la FBL s’est déroulée les 9 et 10 juin. Le Pasteur Jeroen Tuinstra a été réélu Président de la FBL, fonction qu’il a déjà occupée au cours des six dernières années. C’est donc pour lui un renouvellement de mandat pour une durée de quatre ans allant jusqu’en 2023.
Q. Dites-nous qui est Jeroen Tuinstra ? Parlez-nous un peu de vous, de vos origines, et de votre parcours.
JT. Je suis né aux Pays-Bas, dans une petite ville réformée néerlandaise appelée Hattem. Avec un autre couple de personnes âgées, nous étions les seuls adventistes dans la région. Le christianisme était partout autour de moi dès ma plus tendre enfance, ce qui a fait de moi la personne que je suis maintenant. À l’âge de 18 ans, je suis parti à Yap (en Micronésie) pour une année d’étude missionnaire. Là j’ai enseigné à une classe de 6e année. J’ai rapidement mûri sur cette île, loin de chez moi. C’est à cette période aussi que j’ai reçu la confirmation de mon appel pour le ministère pastoral. Je suis donc parti pour Newbold College, en Angleterre, l’année suivante. Puis en 2000, j’ai débuté comme pasteur à Dordrecht et Rotterdam, et en 2002, j’ai été nommé directeur de la jeunesse de l’Union néerlandaise pour les dix années suivantes. En fin de compte, on m’a demandé de remplacer Reinder Bruinsma, qui était en quelque sorte un président intérimaire à l’époque. Contre toute attente, je suis toujours célibataire, ce qui est un peu unique dans notre église.
Q. Vous avez déjà servi à la FBL pendant six ans. Dans un contexte très particulier et multiculturel. Pensez-vous que votre point de vue en tant qu’étranger (d’origine néerlandaise) a enrichi le leadership de cette Fédération, et comment ?
T. L’un des traits des Hollandais c’est leur franchise. C’est à la fois un avantage et un inconvénient. En ce qui me concerne, l’honnêteté et la transparence. Ainsi, souvent quand on me demande mon avis sur un point, mon caractère hollandais fera que je réponde sans ambages. Ce qui donne une idée claire de ma position sur certaines questions, bien que cela dérange parfois. Mais, il m’importe de rester authentique. Donner une image parfaite en tant que pasteur ou président dont l’activité principale consiste à lire la Bible et prier toute la journée, sans se préoccuper ou s’impliquer dans les difficultés rattachées à la fonction, ne reflète pas ma personne. Par conséquent, je choisis de rester moi-même, faisant face aux défis qui s’imposent. Ainsi affronter les problèmes, conjugués à mes erreurs est plus proche de ma personnalité. Je peux ajouter qu’il m’arrive de regarder un bon film de temps en temps comme essayer de suivre certaines séries télévisées comme « Jeu des Trônes » ou « Le conte de la Servante ». Allier les pieds sur terre et le cœur vers le Très-Haut est une combinaison qui équilibre l’être humain que je suis. Un autre angle de la perception hollandaise concerne la position du roi. En Hollande le souverain-Chef du peuple ne devrait pas donner l’impression à ses sujets que son rang élevé le place au-dessus d’eux. C’est ainsi, qu’en Holland on peut apercevoir le roi et même le premier ministre faire du vélo. Pour ma part, j’ai essayé de m’y mettre aussi au début, mais il y a trop de collines à Bruxelles ce qui n’offre pas la qualité appréciable de la balade à vélo.
Q. Quels ont été les résultats ou les succès au cours de ces quatre dernières années qui vous apportent une certaine satisfaction ? Et pourquoi ?
JT. Une de mes plus grandes joies fut au niveau l’équipe pastorale de la BLF. Le Responsable de l’association pastorale, Rudy Van Moere, et moi avons tout mis en œuvre pour créer un esprit d’équipe entre les pasteurs. Un espace créé pour nos conventions. Nous l’avons appelé « havre de paix » pour donner aux pasteurs l’occasion de s’exprimer librement et discuter sur toute question théologique ou sociale possible. Nous avons voulu une atmosphère où la réflexion libre et ouverte était appuyée parmi les pasteurs. Je remercie Dieu de nous avoir inspiré ce temps favorisant l’équilibre et le bien-être de chaque pasteur.
Un autre élément encourageant à souligner est le développement de deux pôles : un pour la Jeunesse et Famille, l’autre pour la Formation et Mission. Pour ce faire, la Fédération a dû envisager un poste à temps plein et un autre à temps partiel pour construire ces deux piliers clairs et indispensables. Surtout pour la jeunesse qui a vu ses activités s’accroître considérablement ; ce qui n’est pas chose aisée par le caractère hétéroclite des jeunes dans notre Fédération. Pour ce qui est de la Formation & Mission, un bon coup de pouce a permis la constitution de plusieurs groupes différents qui ont démarré. La mandature 2015-2019, s’est ainsi achevée avec l’inscription de plus de 10 groupes à une formation pour Simple Church ; un engouement suscité par l’enthousiasme de Carlos Rivero.
Q. Qu’en est-il des défis du passé ?
JT. Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés en tant que Fédération est la complexité et la diversité qui y sont présentes. Nous avons affaire à deux pays différents, plusieurs langues officielles (le néerlandais et le français en Belgique et le français, l’allemand et le luxembourgeois pour le Luxembourg), et plusieurs origines culturelles différentes (environ 60% de nos églises sont composées principalement de personnes d’origines culturelles différentes de la Belgique ou du Luxembourg). Ainsi, toute discussion et tout point de vue alternatif que l’on peut trouver dans l’Église mondiale, vous pouvez le trouver également, à moindre échelle, au sein de notre Fédération. Maintenir un esprit de cohésion autour de la même mission et du même message aussi clair soit-il, demeure tout de même très difficile.
Q. Une nouvelle période de quatre ans et entouré d’une nouvelle équipe, quels objectifs envisagez-vous pour ces prochaines années ? (Je sais qu’il est trop tôt et que vous avez besoin de rencontrer votre équipe, mais donnez-nous au moins quelques grandes lignes.
JT. Notre objectif sera « Mission et valeurs ». En tant qu’église, nous devons nous concentrer à nouveau sur la mission de l’Eglise. Partager l’évangile éternel et aimant. Montrer à nos voisins, nos amis, nos proches la véritable signification de croire en un Dieu d’amour. Nous sommes conscients que ce monde a un grand besoin de l’amour de Dieu. Ce qui implique le retour à nos valeurs fondamentales. Non seulement sur la question du pourquoi nous sommes Eglise (notre mission), mais aussi celle du comment nous sommes Eglise (nos valeurs) ; l’un ne peut aller sans l’autre, ils sont interdépendants. Comment cet amour divin est-il un témoignage vivant qui confirme que nous sommes appelés ? Comment aimons-nous notre prochain, comment aimons-nous tous ceux qui sont complètement différents de nous, pourquoi et comment aimons-nous ceux qui nous ressemblent beaucoup ? Nous envisageons de rendre ces valeurs communes, plus explicites dans la vie de nos communautés.
Q. Quels sont les challenges que vous voyez à l’horizon ou que vous présentez maintenant et sur lesquels vous devrez travailler ?
JT. À long terme, nous devons revoir en profondeur le rôle d’un pasteur. Nous avons remarqué que peu de nos jeunes semblent encore être attirés par le ministère. Pourtant, il semble y avoir de plus en plus d’églises ou de groupes, tandis que l’équipe pastorale ne grandit pas au même rythme. Toutes les églises ne peuvent pas avoir leur propre pasteur. Le pasteur deviendra beaucoup plus un coach pour les églises que le leader autour duquel tout est centré. Le rôle des pasteurs et celui des églises est à repenser. Dans l’avenir, les communautés, seront beaucoup plus dirigées par des laïcs que par des professionnels. Et bien sûr, en tant qu’Eglise, les besoins sociaux de notre entourage devront prendre l’avantage sur notre cuisine interne. Pendant trop longtemps, nous sommes restés dans notre tour d’ivoire, nous éloignant de plus en plus de la société. Notre devoir qui s’impose à nous consiste dès maintenant à revoir nos engagements de proximité auprès de la société. Il convient de comprendre et de rester attentifs aux besoins et aux attentes de ceux qui nous entourent. De plus, rester ouverts pour apprendre d’eux ; ce sont là les enjeux à venir. Car, il ne s’agit pas seulement de partager notre message, mais aussi d’apprendre des gens que nous servons. Repenser la raison d’être de l’église afin que la certitude d’être une bénédiction pour ceux qui nous entourent regagne nos cœurs et nos esprits ; Jésus demeure un modèle de contact avec les foules. C’est donc la colossale entreprise à mettre en œuvre pour une efficacité optimale
Q. En tant que président, et sur le plan personnel, que voudriez-vous dire à l’ensemble des membres d’église de la FBL au début de cette nouvelle période ?
JT. J’espère vraiment une cohésion d’ensemble pour notre mission d’expansion de l’évangile. Qu’en dépit de nos différence, nous parviendrons à nous concentrer sur ce qui nous relie et ce qui nous différencie. Il y a déjà assez de polarisation dans le monde pour qu’il en soit de même dans l’église. Mon vœu est que face aux difficultés, l’honnêteté et l’ouverture d’esprit caractérise notre relation à l’autre. Que toute attitude de division s’éloigne de chacun nous. Tous, nous voulons ce qu’il y a de mieux pour notre Eglise et notre Fédération, car personne ne veut détruire l’Eglise. Que nos divergences ne soient pas un frein à notre objectif commun. Je garde espoir que nous nous focaliserons là-dessus.
Merci pasteur Tuinstra pour votre temps et vos réponses. Nous sommes sûrs que le Seigneur supervise son Eglise, et qu’Il est avec ceux qui servent l’Eglise et se consacrent à la prédication de l’Evangile. Que le Seigneur vous bénisse, vous et votre ministère, ainsi que toutes les communautés et membres de la FBL au cours des quatre prochaines années.
Pedro Torres.