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ADRA

ADRA : VERS L’INCONNU ET AU-DELA

Dammarie-les-Lys, 23 septembre 2020 | Tatiana Lafarge, ADRA France | BIA-ANN

Par où commencer… si je devais choisir un seul mot pour décrire ce voyage qui nous a emmenés au fin fond de la brousse camerounaise, je choisirais : DEPAYSEMENT. Classique me diriez-vous, puisque nous avons littéralement voyagé d’un pays à un autre. Pourtant si ce mot me paraît le plus approprié c’est parce que nous avons découvert là-bas quelque chose de totalement différent.

En effet, notre premier pas au Cameroun, était un pas dans l’inconnu. Plus nous avancions dans notre voyage : le voyage en avion, l’aéroport de Yaoundé, la maison de Jeannette à Messassi et enfin Meyak, plus nous nous enfoncions dans un monde qui ne ressemble que très peu au nôtre.

En quoi ce monde-là était-il différent ?

LA SIMPLICITÉ

La première chose qui m’a frappée c’est la simplicité dans laquelle vivaient ces gens. Oui, c’est un peu cliché voire même classique pour le discours de quelqu’un qui a voyagé dans un pays plus pauvre que le sien, mais pour autant ceci est bien réel !

Nous qui vivons dans un monde où tout nous semble complexe et où l’on demeure insatisfait malgré tout ce que nous avons, j’ai été surprise de voir à quel point les personnes que nous avons rencontrées  là-bas se contentent de si peu pour être heureux. Là-bas, sourire est quelque chose de normal, chose qu’on semble avoir un peu oublié ici. Et parfois, même si c’est un peu étrange, je me suis demandé : comment arrivent-ils à être heureux alors qu’ils n’ont pas grand-chose ? Et pourquoi nous qui pouvons tout avoir ou presque, avons du mal à l’être ?

Quand nous avons fait les activités avec les enfants, on a vite compris qu’un rien pourrait les amuser. Nous qui avions prévu de grands jeux en espérant pouvoir les captiver le plus longtemps possible, on s’est vite rendu compte qu’un simple ambassadeur ou une chanson les faisait sourire et rire plus qu’on n’avait pu l’imaginer.

Alors je me suis mise à réfléchir…

On fait de grands discours pour atteindre le bonheur, on écrit des livres, on réalise des films, on compose des chansons et pourtant malgré tout ça et tout le confort dans lequel nous baignons, la quête du bonheur semble toujours être actuelle. Bien sûr ce serait plus facile de le commander sur Internet et de se le faire livrer en livraison premium mais NON, mesdames, messieurs, malheureusement ce n’est pas comme ça que ça marche. Le bonheur ne s’achète pas.

Si nos problèmes à nous restent importants, les leurs sont bien plus vitaux. Il ne s’agit pas de problèmes comme : « Purée mais, que vais-je faire de ma vie ? » ou encore : « Saperlipopette la Wi-Fi a encore planté. » Là-bas, soigner un rhume est pratiquement un parcours du combattant.

Une fois, un enfant est venu me voir parce qu’il était fatigué et qu’il n’avait pas trop la force de jouer avec les autres. Il était brûlant. Ma première réaction fut de vouloir lui donner un Doliprane. De toute façon tout passe toujours avec le Doliprane,  c’est bien connu n’est-ce-pas ? Seulement là-bas, il n’y a pas de pharmacie et pour obtenir notre vieil ami le Doliprane il s’agit plus d’un parcours du combattant que d’un simple aller-retour jusqu’en bas de la rue. Dans mon esprit occidental ça m’a paru logique et puis, je me suis rendu compte que je n’étais pas en France, mais au Cameroun. Là-bas, un rhume c’est grave mais pas plus qu’une pneumonie ou un risque de tétanos, alors ça attendra.

Alors certes ce sont des problèmes plus graves que les nôtres, mais ce sont aussi des problèmes plus essentiels. Cette simplicité ramène à l’essentiel de la vie. Pas besoin de se casser la tête pour être heureux, il suffit juste de vivre, simplement.

LE TEMPS N’EXISTE PAS

Et puis j’ai aussi observé que là-bas le temps n’existe pas. Ce n’est pas comme nous qui vivons des vies bien rangées entre 8 h et 19 h voire plus. Eux, ils vivent avec le soleil, avec le temps et la nature. Et je trouve ça incroyable, moi qui ai l’impression de ne jamais avoir le temps de ne rien faire.

Chez eux presque rien n’est planifié, ils vivent au jour le jour. Et surtout ils sont attentifs à ce qu’il y a autour d’eux. C’est ce qui m’a aussi frappée. Nous ici, nous sommes toujours concentrés sur quelque chose, nous n’avons pas ou peu le temps de regarder dehors. Si bien que le simple fait d’être à l’extérieur on en a fait quelque chose d’assez extraordinaire : partir en randonnée, se balader, etc. C’est quelque chose qu’aujourd’hui, heureusement, beaucoup de personnes font régulièrement mais la plupart des autres voient ça comme une sortie exceptionnelle.

Lorsque nous étions au Cameroun, nous étions tout le temps dehors. Impossible de ne pas faire attention à ce qui nous entoure. Impossible de ne pas voir ce qui se passe autour de nous. Et je vois ça comme une manière d’être en phase avec son environnement plutôt que d’être concentré sur ses propres problèmes.

CE QUE J’EN RETIRE

Aujourd’hui j’en suis venue à me dire que, plus que les envier, je voudrais leur ressembler. En effet, Dieu nous demande de venir à lui comme des enfants, c’est-à-dire en étant simples, et c’est la première chose que je retiens de cette expérience au Cameroun. Comme ces personnes je voudrais être simple et me débarrasser de tout ce qui m’empêche de l’être. Parce que malgré leur pauvreté, j’ai compris qu’ils étaient riches de leur simplicité et que d’une certaine manière, on est plus apte à compter sur Dieu lorsqu’on est démuni que lorsqu’on a tout à notre disposition. En effet on voudrait tout gérer tout seul, tout contrôler, parce que nous en avons les moyens au fond avec tout ce qui nous entoure, mais lorsqu’il n’y a plus rien, juste de la terre rouge, la nature et soi-même, alors là on lève les yeux vers le ciel et on demande à Dieu, parce que tout lui est possible et qu’il est notre seul recours. J’aimerais atteindre un jour ce niveau de simplicité qui fait de Dieu la seule et unique solution à mes problèmes.

Dieu me surprend tous les jours

D’un autre côté je me suis étonnée moi-même. Oui, parce que pour tout vous dire, les enfants ce n’est pas trop mon truc à l’origine. À vrai dire, avant de partir j’avais un peu peur et je me disais : oh lala, mais je ne suis pas douée avec les enfants ! Comment ça va se terminer cette histoire ? Bref c’était un peu la panique. Et puis Dieu, ce mystérieux guide à toute épreuve, m’a montré qu’il n’y avait pas de raisons d’avoir peur. Même, s’il m’avait permis de faire ce voyage c’était pour une bonne raison.

Je me suis redécouverte en quelque sorte. Et maintenant je me souviens du tout début du livre de Jérémie, lorsque le Seigneur s’adresse au futur prophète en le rassurant et en lui disant qu’il n’est pas trop jeune pour accomplir la mission qu’il lui a confiée car il sera avec lui tout du long. (Jérémie Chapitre 1). Dieu nous surprend tous les jours.

Est-il nécessaire de partir loin de chez soi pour vivre un « dépaysement » ?

QUESTIONS

Maintenant j’aimerais vous poser une question : a-t-on besoin d’aller si loin de chez soi pour comprendre toutes ces choses ? Faut-il se rendre dans l’inconnu, dans un autre pays pour être « dépaysé » ?

Nous, nous sommes partis et nous avons vécu une très belle expérience qui personnellement m’a permis de prendre du recul sur ma propre existence et sur ma relation avec Dieu. Mais est-il nécessaire de partir si loin de chez soi pour vivre un tel “dépaysement” et ainsi être apte à recevoir ce que Dieu voudrait nous enseigner ?

RÉPONSES

Certains en ont besoin et je pense qu’il est toujours bon de pouvoir partir à la découverte de l’autre et de l’ailleurs pour en apprendre davantage sur soi et sur la vie. Mais, je pense aussi qu’il n’est pas obligatoire de vivre une expérience loin de chez soi pour espérer « changer » et y voir plus clair.

Parfois ce sont les autres autour de nous qui nous font voyager si loin et qui nous emmènent dans l’inconnu. Mais enfin et surtout, c’est à nous de nous rendre disponibles à être dépaysés. En effet, le mieux ce serait de se rendre apte à être « dépaysé » tous les jours par Dieu.

Le Seigneur, dans toute sa puissance, peut nous apprendre énormément de choses. Il suffirait qu’on se détache de nos problèmes envahissants et de notre monde compliqué pour regarder un peu plus autour de nous. Et puis surtout se rendre simple, parce que le Seigneur nous accepte tel que nous sommes. Bien sûr tout ça c’est facile à dire, mais finalement, est-ce qu’on ne serait pas les seuls responsables de notre complexité ? Après tout, ce serait un peu bizarre si vouloir être simple devenait compliqué.

Bref ! Tout ça pour dire que le premier pas vers l’inconnu commence quand on se lève le matin et pas seulement quand on arrive à Meyak, petit village perdu au fin fond de la brousse.

En tout cas voilà, je remercie le Seigneur d’avoir permis que je vive cette expérience, je ne l’oublierai jamais. Et je vous souhaite, à vous, de pouvoir être “dépaysé” tous les jours par le Seigneur.

Author Pôle communications

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