Les aumôniers Fleurimé Philippe (à gauche) d’Haïti et l’aumônier Esaïe Auguste (à droite) de l’Union des Antilles et de la Guyane Françaises dont le siège se trouve en Martinique, écoutent un patient à l’hôpital local des Cayes, en Haïti. [Photo : Union des Antilles et de la Guyane Françaises]
27 octobre 2021 | Miami, Floride, États-Unis | Libna Stevens | DIA
Un groupe d’aumôniers adventistes du territoire français de la Division Inter Américaine était en mission auprès des nombreuses victimes du récent tremblement de terre qui a dévasté la péninsule sud d’Haïti. Les aumôniers ont pu offrir un soutien émotionnel et psychosocial à plus de 400 personnes du 9 au 17 septembre 2021.
Asnel Valcin, Dr Psy., BCCC, directeur de l’unité d’Attention Pastorale et d’Éducation à l’Hôpital Episcopal St. Johns à Rockaway, à New York, aux États-Unis, et instructeur pour les Ministères Adventistes de l’Aumônerie (ACM) de l’Église adventiste mondiale, a invité une poignée d’aumôniers adventistes de la région des Antilles et de la Guyane Françaises et d’Haïti. Les aumôniers reçoivent une formation en éducation clinique et pastorale depuis le mois d’avril et c’était intéressant d’avoir une opportunité d’apporter une aide bien nécessaire, a dit le Dr Valcin.
Un voyage missionnaire difficile rendu possible
« Nous avons prié pour ce voyage missionnaire et Dieu nous a ouvert les portes pour que nous puissions nous rendre dans la commune des Cayes depuis Port-au-Prince grâce aux dons faits par des amis et des collègues, des membres de l’Église adventiste de Brooklyn, et grâce aussi à l’aide apportée par plusieurs dirigeants d’église locale et de responsables gouvernementaux qui croyaient en notre mission en Haïti, » a déclaré le Dr Valcin.
Huit aumôniers de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane Française se sont envolés pour Haïti pour s’associer à huit aumôniers de l’Union Haïtienne.
Ce qu’ils ont vécu était plus que ce à quoi ils s’attendaient, a dit Dr Valcin.
« Le premier soir, nous avons rencontré des pasteurs et des dirigeants locaux aux Cayes pour leur expliquer le but de la visite. Un pasteur local venait de rentrer après avoir officié à ses huitièmes funérailles et était inquiet pour sa congrégation qui avait subi tant de dévastation physique et émotionnelle, » a dit Dr Valcin. Ils ont commencé à parler à plusieurs membres qui les ont approchés et qui étaient vraiment reconnaissants de partager leur récit de survie et de savoir que quelqu’un se souciait de leur bien-être émotionnel, a-t-il expliqué.
Raconter leur histoire
Leur parcours à travers la ville les a amenés à rencontrer de nombreuses personnes désireuses de partager leur histoire. « Les gens ont indiqué s’être sentis libérés après avoir raconté leurs histoires, » a déclaré Dr Valcin.
Pour le pasteur Ésaïe Auguste, directeur des ministères de l’aumônerie pour l’Église adventiste dans l’Union des Antilles et de la Guyane Françaises, l’expérience n’était comparable à aucune autre déjà vécue au cours des sept années de certification d’aumônier.
« Nous nous sommes sentis submergés par la situation de misère dans laquelle vivaient les gens et le désespoir et la résignation auxquels beaucoup de gens étaient confrontés, » a déclaré pasteur Auguste. Il se souvient très clairement d’une jeune femme qui avait prévu d’aller à l’université pour poursuivre des études de médecine. « Elle avait perdu sa mère dans le tremblement de terre après que la maison se soit effondrée sur elle, » a-t-il déclaré.
Maintenant, elle doit s’occuper de ses trois jeunes frères et a expliqué que ses rêves avaient été brisés en moins d’une minute. « Elle nous a dit que pour la première fois depuis le tremblement de terre du 14 août, elle se sentait écoutée et pouvait exprimer ses émotions, » a dit pasteur Auguste.
La nouvelle de la mission des aumôniers s’est répandue dans plusieurs congrégations adorant le dimanche. Une église catholique, qui tenait un service funèbre pour les victimes du tremblement de terre, a invité les aumôniers à parler à leurs membres, a dit Dr Valcin.
Parler de traumatisme
« Nous avons vu tellement de personnes voulant parler de traumatismes, » a dit Dr Valcin. « Les gens ont eu de graves problèmes émotionnels qui ont été refoulés depuis de nombreuses années et quand ils ont vu cette porte ouverte permettant de parler, ils nous ont ouvert leur cœur. »
Un pasteur a plaidé pour que nous nous rendions dans sa congrégation, a déclaré Dr Valcin. Lorsque le groupe d’aumôniers est arrivé, il y avait plus de 250 personnes qui attendaient le lendemain matin.
L’équipe d’aumôniers a vu en moyenne 41 personnes chaque jour et leur objectif principal était de les écouter plus en profondeur et de les aider à raconter leurs histoires. « Les conversations apportent la guérison, les personnes ressentent un soulagement en ayant simplement quelqu’un qui se soucie suffisamment d’elles pour les écouter, et cela commence le processus de transformation, » a déclaré le Dr Valcin.
Les aumôniers ont également visité un hôpital local où ils ont parlé au personnel médical et aux professionnels de santé. Une infirmière en particulier était fatiguée de travailler si dur pour soigner les patients. « Elle a été surprise de notre visite et était vraiment reconnaissante d’être entendue, » a dit Dr Valcin. « Elle a essuyé quelques larmes pendant tout le temps que nous avons passé avec elle et était reconnaissante du temps que nous avons pris pour l’écouter et l’aider à exprimer son expérience, » a-t-il ajouté.
Exercer un ministère auprès des membres et de la communauté
L’équipe d’aumôniers a pris le temps de prêcher dans plusieurs congrégations adventistes le sabbat 11 septembre. Les membres ont eu l’opportunité de raconter leur histoire. « Nous adorions dans le lieu de culte qui avait été complètement détruit par le tremblement de terre, et après avoir prêché à un petit groupe, j’ai eu des entretiens individuels avec la plupart des membres là-bas, » a dit pasteur Auguste. « Ils ont pu se remémorer leur histoire et mettre des mots sur leurs émotions refoulées. »
« On ne pouvait que lire les sourires sur les visages des gens dans les différentes communautés que nous avons visitées, » a déclaré pasteur Richner A. Fleury, directeur des ministères de l’aumônerie pour l’Église adventiste en Haïti. Richner Fleury, avec sept autres aumôniers d’Haïti, a vécu l’expérience comme une bénédiction. « Nous avons entendu beaucoup de paroles de satisfaction de la bouche de ceux que nous avons écoutés et soutenus. Je sais que Dieu continuera à nous aider à prendre soin du bien-être des personnes touchées, » a déclaré Richner Fleury.
En plus d’apporter un soutien émotionnel, Dr Valcin et les dirigeants d’église locaux ont pu distribuer 110 tentes et 110 matelas pneumatiques à ceux qui vivaient encore en plein air.
L’intervention a demandé beaucoup de coordination et de fonds, mais elle représentait une très bonne opportunité d’avoir un impact sur des centaines de personnes qui ont désespérément besoin qu’on s’intéresse à elles, a déclaré Dr Valcin. C’était une opportunité qui ne pouvait être ignorée.
Répondre à l’appel à la mission
« Lorsque Dieu vous appelle, Dieu prépare pour la mission, » a déclaré le Dr Valcin. « Peu importe où nous sommes dans le monde, notre humanité est la seule chose que nous ayons en commun, » a-t-il déclaré. Il y a beaucoup de visages qu’il ne peut s’empêcher de revoir, des histoires qu’il ne peut effacer de sa mémoire. « Ce voyage missionnaire nous a aidés à comprendre comment Dieu nous a vraiment utilisés dans notre humanité pour nous mettre en contact avec d’autres personnes, » a ajouté Dr Valcin. « C’est avec humilité que je vis cette opportunité de servir. »
L’intervention aux Cayes ne faisait qu’effleurer la surface, mais elle permettra de mieux prendre conscience des besoins de la population après toute catastrophe, a déclaré pasteur Pierre Caporal, président de l’Église adventiste en Haïti.
« Cette intervention du Dr Valcin et du groupe d’aumôniers de l’Union des Antilles et de la Guyane Françaises aura à coup sûr un impact indélébile, non seulement sur nos membres d’église et les gens dans la communauté des Cayes qui a été aidée, mais aussi sur nos propres aumôniers qui ont pris part à cet important ministère, » a déclaré pasteur Caporal.
Esaïe Auguste et Richner A. Fleury ont contribué à cet article.