27 avril 2021 | ADRA Dunkirk | EUD News
ADRA Dunkerque, antenne locale d’ADRA France a été créée en janvier 2012. Connaissant le nombre croissant de réfugiés dans sa région, l’équipe s’est mise en contact avec Médecins du monde et d’autres associations locales, en demandant « comment pouvons-nous aider ? » Contrairement aux autres jours de la semaine, aucune organisation ne distribuait de la nourriture aux réfugiés le dimanche. Immédiatement, ADRA s’est engagée à combler ce manque.
Malgré les réticences du gouvernement français, la ville de Grande-Synthe (près de Dunkerque) et des organisations non gouvernementales comme Médecins sans frontières ont ouvert un camp humanitaire pour les réfugiés le 7 mars 2016. L’équipe d’ADRA y a travaillé en partenariat avec de nombreuses autres associations pour améliorer les conditions de vie des exilés. Malheureusement, ce camp a brûlé en avril 2017. Depuis à Grande-Synthe, de nombreux campements spontanés subsistent et n’offrent qu’un avenir incertain aux migrants. Ces lieux sont souvent qualifiés de » camps » ou de » jungle » et pointés du doigt pour leurs conditions de vie inhumaines.
» Nous étions une petite communauté adventiste à Dunkerque, mais nous avons décidé d’agir et de créer une antenne locale « , se souvient Claudette Hannebicque, responsable d’ADRA Dunkerque. « Nous avons organisé la première réunion, et nous avons compris qu’il fallait agir immédiatement. Le premier dimanche, nous leur avons apporté du thé et des plats cuisinés maison, nous avons fait de même le deuxième dimanche et très vite, nous avons senti que ce dont ils avaient vraiment besoin, c’était d’un repas chaud complet (c’était l’hiver). Nous n’avions pas de moyens financiers, mais cela ne nous a pas arrêtés ; nous avons décidé d’agir quand même et de nous procurer les denrées alimentaires nécessaires à la préparation des repas pendant toute l’année. Nous avons ensuite organisé des foires et des brocantes pour récolter des fonds afin de poursuivre notre action. Une demande de subvention a également été faite auprès de la mairie de Grande-Synthe où se trouve le camp. La demande a été acceptée et jusqu’à aujourd’hui, cette subvention nous permet d’acheter la plupart de nos produits alimentaires. Lorsqu’il s’agit de matériel de cuisson, de réparation de notre camionnette ou de matériel de distribution, nous faisons appel aux dons », conclut Claudette Hannebicque.
Malheureusement, au fil des ans, la présence à long terme d’exilés près des côtes du nord de la France est devenue un problème d’ordre public. Si la société civile s’engageait à améliorer les conditions de vie des réfugiés, les habitants commençaient à voir d’un mauvais œil ces campements. Dans le même temps, le gouvernement et les autorités locales ont lancé des démantèlements systématiques, poursuivant une politique de non-fixation de ces populations indésirables. Ainsi, au fil des années, les exilés ont été parqués, relocalisés, démantelés, ou se sont installés d’eux-mêmes dans divers endroits. Pour les distributions, ADRA va les rencontrer là où ils se trouvent, c’est-à-dire le plus souvent près de l’autoroute A16 vers Calais (et l’Angleterre). Au cours des trois dernières années, les réfugiés ont occupé différents endroits, notamment le Bois du Puythouck. Des réfugiés ont été abrités dans et autour d’une salle de sport ; des camps irréguliers ont été installés dans un entrepôt désaffecté, au bord de l’autoroute, près d’une gare de marchandises et sous le pont de l’A16.
Activités
Près d’une vingtaine d’associations fonctionnent au sein d’un groupement inter-associatif pour répondre au mieux aux besoins des exilés de l’agglomération dunkerquoise. Un point d’eau a été aménagé par la mairie et des toilettes sèches, bien que peu adaptées à leur culture, ont été installées, mais sont désormais hors d’usage. Deux fois par semaine, une association gère l’ouverture de douches pour les exilés, mais seuls les hommes sont acceptés (2x 2 heures par semaine donc pas assez). Il n’y a rien pour les femmes, les enfants ou les mineurs.
Les distributions sont effectuées par différentes associations, dont ADRA. « Nous nous occupons du petit-déjeuner le jeudi matin et cuisinons un repas chaud le dimanche midi », explique Claudette Hannebicque. « En plus de cela, nous distribuons régulièrement des vêtements et des produits d’hygiène. Très récemment, nous avons eu des dons plutôt généreux compte tenu du froid, de la situation dans le camp et des démantèlements successifs. Mais de nouveaux réfugiés continuent d’arriver. Les chaussures et les vêtements chauds, par exemple, sont des pièces d’équipement extrêmement importantes dont nous avons toujours besoin ».
ADRA a également mis un générateur à leur disposition afin que les réfugiés puissent recharger leurs téléphones, seul moyen de rester en contact avec leurs proches.
L’équipe d’ADRA
L’équipe est hétérogène et cosmopolite. Les volontaires viennent d’horizons divers : étudiants, membres d’églises, actifs ou retraités, demandeurs d’asile d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Europe de l’Est. Très peu d’entre eux sont chrétiens, et tous s’engagent avec plaisir à aider les exilés : tri des vêtements, distribution, cuisine, vaisselle, etc.
La situation actuelle est alarmante
Dans la région, les passages vers l’Angleterre se font soit en cachette dans des camions, soit à bord de chaloupes improvisées afin de traverser la Manche. Les contrôles aux frontières étant de plus en plus stricts, de nombreux exilés choisissent de traverser la Manche, ce qui s’avère être une opération très dangereuse (courants, vagues, avaries de moteur, barques surchargées, risque de collision avec de grands porte-conteneurs). De nombreux réfugiés sont blessés ou même tués.
La situation ne va pas s’améliorer tant que le gouvernement refusera d’établir des camps de réfugiés officiels sur toute la côte. Les réfugiés sont toujours dans un bois sous des tentes et des bâches, dans le froid, la boue, la pluie. Ils vivent dans des conditions inhumaines.
Il y a environ 400 réfugiés dans la région de Dunkerque, voire plus. Il y a aussi des familles avec de jeunes enfants, mais il est difficile de les estimer car il y a plusieurs petits camps qui sont démantelés deux fois par semaine. Les réfugiés sont souvent amenés au CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation) très loin de la côte, mais ils reviennent souvent un, deux ou trois jours plus tard, car ils ne veulent pas s’éloigner. Enfin, il est plus facile pour eux de tenter un passage vers l’Angleterre.
Le port de Calais est hautement sécurisé, ce qui fait que les réfugiés partent directement des plages voisines avec des embarcations plus petites et non appropriées. Les conditions de passage de la Manche, mentionnées plus haut, rendent extrêmement dangereuse la traversée sur de petites embarcations chargées. « Il y a quelques mois, une famille entière (un jeune couple et ses 3 enfants) s’est noyée en essayant de traverser la Manche », raconte Claudette Hannebicque. « Ils n’ont pas peur de prendre des risques, ils sont si proches des côtes anglaises par rapport au long parcours migratoire qu’ils ont eu pour arriver jusqu’ici. »
La pandémie
Concernant la pandémie, Médecins du monde et la Croix-Rouge, tous deux présents deux fois par semaine sur les campements, effectuent des transferts vers l’hôpital lorsqu’il y a des suspicions de cas de COVID. Quelques cas ont été recensés mais il n’y a pas d’explosion des contaminations, comme beaucoup le craignaient au début de la pandémie.
« Les bénévoles essaient de garder une certaine distance, ce qui n’est pas toujours facile, et de porter des masques bien sûr », commente Claudette Hannebicque. « Nous nous sentons vraiment impuissants, nous savons qu’un jour Dieu mettra fin à toutes ces souffrances ».
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