
20 juillet 2025 | Paris, France | Cédric LACHENAL pour le BIA-ANN
Tous les cinq ans, l’Église adventiste organise une session plénière de la Conférence Générale. Ce rendez-vous mondial réunit les représentants des institutions adventistes de tous les continents (fédérations, unions, écoles, hôpitaux, etc.). Il est souvent perçu comme le moment où des délégués votent pour les dirigeants de l’administration adventiste – le président, le secrétaire, le trésorier de la Conférence Générale et de ses divisions, ainsi que les responsables des différents départements (évangélisation, enfants, prière, communication, etc.).
Or, si cette tâche est bien réelle, elle ne représente qu’une infime partie du temps que les 1900 délégués passent sur place. En effet, l’essentiel de leurs journées est consacré à un autre travail fondamental, mais moins connu : la révision et l’édition du Manuel d’Église.
Une révision quinquennale, longue et structurée
Les discussions publiques qui ont lieu pendant les sessions plénières sont l’aboutissement d’un processus de plusieurs années. Quelques mois après la fin d’une session de la Conférence Générale, chaque division nomme des représentants –des personnes spécialisées en administration, théologie et ecclésiologie– pour siéger au Comité de révision du Manuel d’Église.
Durant les cinq années suivantes, ce comité reçoit des commentaires de terrain, évalue les besoins, et travaille sur des modifications. Celles-ci peuvent aller de simples corrections de ponctuation ou de style, à des changements majeurs de formulation, voire à l’ajout ou la suppression de paragraphes entiers qui peuvent modifier le sens ou l’orientation de la gouvernance ecclésiale.
Une fois filtrées, les propositions retenues sont transformées en motions (propositions de vote) qui seules peuvent être présentées aux délégués en session plénière, conformément aux statuts de l’Église : « seule l’assemblée réunie en session de Conférence Générale peut modifier le Manuel d’Église ».
2025 : un Manuel au cœur de vives tensions
La session de Saint Louis en juillet 2025 illustre avec force à quel point le Manuel d’Église est devenu un enjeu de gouvernance et de conscience ecclésiale. Plusieurs motions de modification soumises cette année suscitent une controverse particulière, notamment celles liées à la page 126 du Manuel, qui accorde aux fédérations locales le droit de refuser des orateurs invités dans une église locale.
Autre point de tension : parmi les 29 amendements majeurs proposés, plusieurs visent à renforcer le rôle de l’administration dans certains domaines sensibles de la vie ecclésiale. On note par exemple une supervision accrue des transferts de membres entre églises, ainsi qu’une attention particulière portée à l’usage des dîmes et offrandes. Dans certains cas, ces contributions pourraient devenir un critère dans l’attribution de responsabilités locales ou lors des nouvelles revues annuelles de membres. Ces ajustements suscitent des discussions sur l’équilibre entre la fidélité institutionnelle et la diversité des engagements spirituels au sein de l’Église.
Le Manuel, un simple outil ou un texte canonique ?
Historiquement, l’Église adventiste était farouchement opposée à l’idée même d’un manuel. En 1883, la Conférence Générale rejeta sa création, affirmant que la Bible seule devait régir la foi et la pratique ecclésiale. Pourtant, en 1932, un Manuel fut finalement adopté. Depuis, il s’est étoffé au fil des décennies pour devenir un document normatif central, voire quasi canonique.
Certains adventistes s’interrogent aujourd’hui : le Manuel d’Église est-il un guide pratique et flexible, ou bien un texte figé qui rigidifie les structures et empêche les adaptations locales ? Ces questions sont au cœur des débats de la session 2025, où les décisions prises auront des répercussions durables sur la gouvernance, la liberté locale et la cohérence spirituelle du mouvement.
Cédric LACHENAL est un pasteur de l’Église adventiste du septième jour, actuellement en poste à Nice, où il exerce au sein des églises de Nice Centre et Nice Résonance.
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David Milard
Rédacteur en chef et éditeur
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