Mai 2020 | Silver Spring, Maryland, États-Unis | Par : Équipe des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse / DIA
Alors même que la pandémie mondiale de Covid-19 domine les gros titres de l’actualité, un rapport majeur sur la liberté religieuse publié à Washington, D.C., aux États-Unis, a rappelé, et cela donne à réfléchir, que les persécutions et les restrictions religieuses se poursuivent sans relâche dans de nombreuses régions du monde.
Le rapport annuel, qui suit les tendances positives et négatives en matière de liberté religieuse, a été publié le 30 avril par la Commission des États-Unis sur la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF), une agence de surveillance indépendante qui contribue à éclairer la politique étrangère des États-Unis.
Bien que le rapport souligne les améliorations apportées récemment à la protection de la liberté religieuse par certains gouvernements, dont l’Ouzbékistan et le Soudan, il note également une forte détérioration du statut des minorités religieuses en Inde et une augmentation des atrocités religieuses commises par des groupes militants tels que Boko Haram au Nigéria et al-Shabaab en Somalie.
Selon Nadine Maenza, vice-présidente de l’USCIRF, les récents évènements dans les domaines sociaux et juridiques en Inde, la démocratie la plus peuplée du monde, sont préoccupants. Lors du programme de l’USCIRF, qui s’est tenu en ligne en raison des restrictions liées au COVID-19, elle a mis l’accent sur l’amendement au Décret sur la Citoyenneté, intervenu en Inde en 2019, qui exclue spécifiquement les musulmans d’un programme conçu pour accélérer l’obtention de la citoyenneté indienne pour les migrants d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan résidant en Inde.
Nadine Maenza a déclaré que cette décision du gouvernement nationaliste hindou de l’Inde était à la fois « surprenante et dérangeante » et pourrait potentiellement exposer des millions de musulmans en Inde à « la détention, la déportation et l’apatridie. » Le rapport indique également que le gouvernement national et les gouvernements des différents états de l’Inde ont également de plus en plus toléré des campagnes de harcèlement et des discours de haine à l’encontre de nombreuses autres minorités religieuses.
Le rôle des soi-disant acteurs non étatiques dans la violence religieuse à travers le monde était également un thème fort du rapport de cette année. Ces groupes non gouvernementaux exercent un contrôle sur le territoire par le biais de la puissance militaire ou du terrorisme et se livrent à ce que l’USCIRF appelle des violations « systématiques, continues et scandaleuses » de la liberté religieuse. La commission a identifié six groupes dont la culpabilité est particulièrement grave : al-Shabaab en Somalie; Boko Haram au Nigéria; les Houthis au Yémen; l’État Islamique dans la province du Khorasan (ISKP) en Iran; les Talibans en Afghanistan; et le Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) en Syrie.
14 pays ont été identifiés cette année comme étant des « pays particulièrement préoccupants » – la Birmanie, la Chine, l’Érythrée, l’Iran, la Corée du Nord, le Pakistan, l’Arabie Saoudite, l’Inde, le Nigéria, la Russie, la Syrie, le Vietnam, le Tadjikistan et le Turkménistan. Ces pays, selon l’USCIRF, se livrent à « des violations continues, systématiques et flagrantes de la liberté religieuse. »
Bettina Krause, adjointe au département des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse (PARL) de la Conférence Générale des adventistes du septième jour, qui représente l’Église adventiste au Congrès américain, a déclaré que le rapport annuel de l’USCIRF apporte une perspective importante sur les tendances en matière de liberté religieuse.
« Avec les rapports d’autres agences internationales de surveillance, ce rapport annuel nous aide à comprendre les tendances changeantes en termes de violations de la liberté religieuse et à identifier les actuels ‘points chauds’ en matière de persécution ou de répression, » a-t-elle déclaré.
Un aspect clé du rapport de cette année, a noté Bettina Krause, est l’emphase qu’il place sur l’augmentation des discours et de la violence antisémites dans de nombreux pays, dont l’Allemagne, la France, l’Italie, la Suède, le Royaume-Uni et l’Argentine.
« Un autre élément alarmant mis en évidence par le rapport, » a déclaré Bettina Krause, « est le fait qu’il y ait de plus en plus d’indications que la Chine déploie non seulement une technologie de surveillance de haute technologie, y compris la capacité de reconnaissance faciale, pour surveiller les groupes religieux, mais qu’elle exporte également cette technologie vers d’autres pays, y compris ceux qui appliquent des politiques répressives contre les minorités religieuses. »
Le rapport de l’USCIRF a également souligné la préoccupation persistante des États-Unis et de la communauté internationale à propos de la détention d’environ 900000 à 1,8 millions d’Ouïghours, de Kazakhs, de Kirghizes et d’autres musulmans dans plus de 1300 camps de concentration dans la région autonome du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.
Ganoune Diop, directeur du département des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse (PARL) de l’Église adventiste mondiale, a déclaré que le rapport de l’USCIRF confirme que même au moment où l’attention du monde est retenue par d’autres préoccupations pressantes, telle que l’urgence du COVID-19, il est impératif de ne pas perdre de vue les abus dont les minorités religieuses continuent d’être victimes dans de nombreux endroits.
« Un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants continuent de vivre chaque jour dans la peur de la violence ou du harcèlement simplement parce qu’ils choisissent de rester fidèles à leurs convictions profondes, » a déclaré Ganoune Diop. « En tant qu’église, nous continuerons d’être la voix de ces minorités vulnérables, où qu’elles se trouvent, ou quelle que soit la tradition religieuse à laquelle elles appartiennent. »
La Commission qui a produit l’intégralité du rapport 2020 de l’USCIRF est une agence gouvernementale bipartite et indépendante qui a été créée en 1998 pour conseiller l’exécutif et le Congrès américains sur la meilleure façon de promouvoir la liberté religieuse à l’échelle internationale.
Traduction: Patrick Luciathe