JOE REEVES OCTOBER 31, 2019, Lake Union Herald (USA) / BIA–ANN
Le Symposium Daniel 11 de 2019, organisé par l’église du village de Berrien Springs, a été l’occasion de mieux comprendre ce difficile passage prophétique.
Au cours de l’événement du 17 au 19 octobre dernier, le dynamisme des chercheurs experts en hébreu biblique, et de laïcs sans formation académique en ce domaine, restait intact.
La séance d’ouverture du jeudi matin fut animé par Kim Kjaer, pasteur à la retraite et Brendan Valiant, laïc fervent étudiant, et écrivain sur le sujet. Tous deux ont présenté des méthodes herméneutiques différentes pour l’interprétation de Daniel 11.
L’après-midi, Denis Fortin, professeur au Séminaire théologique adventiste du septième jour, retrace l’aperçu des différentes approches d’interprétation adventistes depuis l’époque de William Miller jusqu’à nos jours. Administrateur à la retraite du Centre White Estate, William Fagal a répondu à la question de savoir dans quelle mesure Ellen White appuyait l’interprétation d’Uriah Smith dans sa présentation.
Les vendredi et sabbat furent réservés à la compréhension de la langue du texte hébreu. Des professeurs de l’Université Andrews, d’Oakwood et du Séminaire théologique de Bogenhofen en Autriche prirent part à ce forum.
Les trois interprétations adventistes du livre de Daniel 11 discutées étaient :
La position de la Turquie et de l’Égypte :
Le premier point de vue est assez proche de ce qu’Uriah Smith a écrit sur Daniel et Apocalypse, et défend une interprétation littérale forte tout au long du chapitre. Le roi du Nord aux versets 40-45 est interprété comme étant la Turquie, soit l’Empire ottoman lors du conflit de 1798 entre la France napoléonienne et les souverains séparatistes d’Egypte (versets 40-44) ; soit comme une réincarnation du califat des derniers jours, tandis que le roi du Sud aux versets 40-45 représente l’Egypte. L’interprétation d’Uriah Smith soutient que tous les versets jusqu’au 44 inclus ont été accomplis. Les tenants modernes de cette position soutiennent que le verset 45 doit être interprété comme s’agissant de la Turquie, menant un califat rétabli, qui établira un califat nouvellement restauré à Jérusalem, après quoi cette puissance rencontre sa fin, menant au temps final de troubles de Daniel 12:1. De nombreux adeptes rejoignent cette position parce que : a) elle semble utiliser une herméneutique littérale cohérente (principe d’interprétation) tout au long du chapitre, c’est-à-dire que le Roi du Nord est toujours une puissance littérale, terrestre située / basée au nord de Jérusalem, et le Roi du Sud est toujours une puissance littérale, terrestre située / basée au sud de Jérusalem ; et b) Ellen G. White semblait d’accorder avec les points de vue d’Uriah Smith, et également repris dans sa prédication sur la « Question orientale », et le contenu de son chapitre sur Daniel 11 dans son livre, Daniel et Apocalypse. Il convient de noter que certains des nouveaux commentateurs adventistes ont récemment mis en doute le soutien d’Ellen White quant à l’interprétation d’Uriah Smith.
La position de la papauté et de l’athéisme :
La deuxième position voit la seconde moitié du chapitre de manière symbolique la seconde moitié du chapitre, argumentant que la papauté est représentée dans sa phase de persécution pendant les 1 260 ans de suprématie papale. Ce point de vue en accord avec le cadre d’interprétation littérale/historique des versets 1-22, jusqu’à la mort de Jésus-Christ au Calvaire, nuance sa position en soutenant qu’après le Calvaire, le Nouveau Testament (NT) applique systématiquement une interprétation plus spiritualisée des acteurs littéraux de l’Ancien Testament (AT), par exemple Babylone historique dans Daniel devient Babylone spirituelle dans l’Apocalypse, l’Israël ethnique à travers la période AT à la fin des 490 années prophétisent du temps Daniel et devient Israël spirituel dans le temps NT, etc. Ainsi, bien que cette théorie identifie les acteurs historiques à partir du verset 23, ces acteurs historiques ne sont plus considérés comme représentant les puissances terrestres littérales au nord et au sud de Jérusalem, mais les puissances spirituelles qui se manifestent dans les réalités terrestres, par exemple la papauté comme le roi du Nord. Les versets 36-39 représentent la pleine expansion du pouvoir papal, blasphématoire et persécuteur avant 1798. Aux versets 40-45, la papauté demeure le roi du Nord et l’athéisme le roi du Sud. Cette théorie fait le parallèle avec l’identification qui est faite de la Révolution française athée dans Apocalypse 11, et la France révolutionnaire étant le pouvoir qui a renversé la papauté en 1798. Cette position est entrée en vogue à partir des années 1940 après les écrits de Louis Were, et repose sur deux facteurs principaux : 1) les parallèles littéraires entre le pouvoir papal de la petite corne en Daniel 7 et 8 et le roi du Nord à partir du verset 36 ; 2) la recherche d’une corrélation entre l’eschatologie d’Apocalypse 12-14 et 2 Thessaloniciens, avec les acteurs mentionnés en Daniel 11. Ce point de vue est probablement le plus répandu au sein de l’Église adventiste d’aujourd’hui.
La position de la papauté et de l’Islam :
La troisième (et la plus récente) position parmi les adventistes, a une lecture de Daniel 11 comme étant la troisième interprétation essentiellement littérale de la vision symbolique de Dan 8:1-14, après celles de Dan 8:17-26 et 9:24-27. Le chapitre de Daniel 11:2-21 présente une séquence d’événements historiques postérieurs à l’époque de Daniel qui affectent le peuple juif et constituent le contexte de la venue du Messie. Le verset 22, au cœur du chapitre, prédit la mort du Christ sous la Rome impériale. Les versets 23-30 retracent la résurgence de l’église politico-religieuse de Rome et ses exploits politico-politiques, y compris les Croisades et les campagnes ultérieures contre le pouvoir islamique, dans lesquelles les forces catholiques en descendant du nord et les armées musulmanes en provenance du sud ont cherché à contrôler la terre d’Israël (versets 25-30). Les versets suivants de Daniel 11:31-39 étoffent les prédictions de Daniel 7 et 8 concernant les étonnantes prétentions religieuses de la papauté et ses abominables persécutions (versets 31-39 ; voir aussi 2 Thessaloniciens 2). En Daniel 11:40-43, la papauté et ses alliés (« Babylone » dans l’Apocalypse) triomphent finalement du pouvoir islamique, son ennemi politique et religieux de longue date (voir aussi les cinquième et sixième trompettes dans Apocalypse 9), pendant le « temps de la fin » (après 1798 et 1844). Mais au cours d’une dernière campagne, apparemment pour persécuter le vrai peuple de Dieu, la papauté rencontre brusquement sa fin (versets 44-45) juste avant un « temps de trouble » et la seconde venue du Christ (12:1-3). Cette interprétation accepte l’accent religieux et la mondialisation qui se développe après la première venue du Christ, alors qu’Israël devient l’Eglise chrétienne et Rome devient la papauté. Cependant, le peuple de chrétiens fidèles à Dieu est aussi impacté par les activités politico-militaires de Rome et de l’Islam à des moments et des endroits particuliers.
Cette année, l’événement a été diffusé en direct. Les documents d’archives peuvent être consultés sur youtube.com/villagemediaministry. Les supports et ressources des conférences de cette année et ceux de l’année dernière sont disponibles à partir du lien www.daniel11prophecy.com
Le comité directeur, présidé par Conrad Vine, membre de l’église du village, envisage prévoit d’aller plus loin dans les études prophétiques à l’occasion du prochain colloque Daniel 11 prévu du 22 au 24 octobre 2020.
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Joe Reeves, pasteur associé, Berrien Springs Village Church