10 septembre 2020 | Evangeliques.info
Le Parquet de Paris a ouvert une enquête pour « abus de faiblesse » contre l’Institut francophone de théologie de Jérusalem (IFTJ) et son directeur, le pasteur Jacques Elbaz. C’est ce que rapporte le journal Réforme dans son édition du 9 septembre. Tout en précisant que l’enquête a été confiée à l’office central pour la répression des violences aux personnes. Le Parquet avait été saisi par la Miviludes en juillet dernier, après que celle-ci ait enregistré les témoignages de trente anciens étudiants, professeurs et bénévoles de l’IFTJ.
Au regard de l’article 223-15-2 du Code pénal, la Miviludes avait conclu que « les indicateurs d’une dérive de nature sectaire sont largement présents dans les témoignages, qui évoquent l’emprise mentale, des manipulations psychologiques, des pressions et des menaces constitutives à l’abus de faiblesse ».
Le directeur imposait des interdictions et obligations
« Outre l’aspect pénal, l’affaire, complexe, pose la question du pouvoir et de l’autorité du pasteur », relève Réforme. Selon des témoins cités dans l’article, Jacques Elbaz interdisait les réunions entre étudiants en dehors du culte quotidien, ainsi que les contacts entre les étudiants et les professeurs invités, en dehors des heures de classe. Une autre témoin mentionne des obligations, comme celle d’assister au culte de l’Église du pasteur Elbaz chaque samedi à Tel Aviv (Église rattachée à la Communauté des Églises protestantes francophones, membre de la FPF). D’autres témoignages indiquent l’ingérence du directeur dans la vie privée des étudiants ou bénévoles, des pressions, menaces et de l’emprise psychologique.
« Il faut que nos instances prennent la mesure des souffrances causées »
« Jacques Elbaz met à mal le texte biblique et a l’habitude de tordre son sens selon ses propres intérêts ; il utilise son autorité spirituelle pour asseoir son pouvoir. Depuis mon retour en France, j’ai rencontré pléthore de personnes ayant subi des pressions morales et spirituelles de la part de M. Elbaz » souligne pour sa part Antony Perrot, professeur d’Ancien Testament à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. « Il faut que nos instances prennent enfin la mesure des souffrances causées par ce pasteur », ajoute-t-il, afin d’éviter qu’il fasse de nouvelles victimes.
Une vertu pédagogique ?
« Il peut arriver, dans nos Églises évangéliques, que nous mettions le pasteur sur un piédestal, que nous lui confiions une trop grande autorité. Mais ayons conscience que laisser toutes les responsabilités à une seule personne présente toujours un risque », souligne pour sa part Romain Choisnet, directeur de la communication du Conseil national des évangéliques de France dans un Tweet. « Ayons le courage d’aborder ces questions, pour que cette affaire ait au moins une vertu pédagogique », complète-t-il.