13 octobre 2021 | Silver Springs, Maryland, États-Unis | Erton Köhler | Adventist Review
Au cours de la séance du 12 octobre 2021 du Comité exécutif de la Conférence générale (EXCOM) lors du Conseil annuel 2021, le secrétaire de la Conférence générale (CG) Erton Köhler a partagé une réflexion personnelle avec les membres de l’EXCOM sur certaines discussions et présentations théologiques des jours précédents. Vu l’intérêt que ses réflexions ont suscité, le président du CG a demandé sa diffusion. — La rédaction
Après les présentations et les discussions du 11 octobre sur dix préoccupations importantes liées à notre identité et après le message le sabbat matin du pasteur Wilson, où il a partagé des préoccupations similaires, je n’ai cessé de penser et de prier sur nos défis.
Une citation attribuée à John Wesley est toujours présente à mon esprit, car elle me rappelle que « ce qu’une génération tolère, la suivante l’adoptera. » Je me souviens également d’une déclaration d’Ellen White dans Testimonies for the Church, volume 1, page 262, lorsqu’elle écrit que « nous devons marcher dans la lumière qui brille sur nous, sinon cette lumière deviendra ténèbres. »
Je crois que nous avons été appelés à être la voix de Dieu et non l’écho de notre culture. Mais la voix de la culture devient plus forte parmi nous, surtout dans les médias sociaux, où les influenceurs sont souvent plus pertinents que les leaders spirituels. Ils deviennent plus pertinents non pas parce qu’ils connaissent la religion ou la vie spirituelle, mais parce qu’ils ont des compétences en communication et savent comment gérer les médias sociaux et les besoins des gens.
Réfléchir à nos convictions
Nous devons prendre le temps de réfléchir à ce que nous croyons et à la manière de partager ce que nous croyons. Ces deux aspects sont très importants.
Nous parlons parfois des besoins des jeunes ou des nouvelles générations, en soulignant que nous devons créer des moyens de communiquer avec eux et présenter la pertinence de notre message. Mais, aujourd’hui, surtout pendant la pandémie, le défi de communiquer la vérité de manière positive, claire et pertinente ne concerne pas seulement les nouvelles générations. C’est un défi pour chaque génération.
Je partage ici une de mes préoccupations. Nous devons trouver des moyens de renouer avec un grand nombre de membres de notre église et les aider à comprendre la beauté de la vérité biblique et la pertinence de la Parole de Dieu pour notre époque. Et les aider à être protégés de ce qu’Eugene Peterson décrit comme la « nouvelle trinité contemporaine » qui remplace la trinité de Dieu, à savoir « mes saints sentiments, mes saints désirs et mes saints besoins. »
Travailler avec les premières lignes de l’Église
C’est un mouvement qui ne se déroule pas au Conseil annuel de la Conférence générale. Le plus que nous puissions faire ici est de soulever certaines préoccupations et de discuter de certaines stratégies pour faire face au problème. Mais les initiatives les plus efficaces doivent se produire sur les lignes de front de l’église.
Les défis dont nous avons discuté hier et que l’aîné Wilson a prêchés le sabbat ne sont pas le domaine exclusif de la CG. Ils sont le terrain de l’Église adventiste du septième jour dans son ensemble.
Tous ensemble, en particulier en tant que dirigeants d’Union et de Division, nous devons prendre ces préoccupations en main. Nous devons passer du temps à prier, à réfléchir, à évaluer, à étudier, à discuter et à élaborer des stratégies pour changer la situation actuelle. Si nous nous limitons à féliciter le CA pour les discussions et les présentations divertissantes mises en place, ou si, au contraire, nous nous contentons de critiquer et de demander plus d’initiatives dans un domaine spécifique, presque rien ne changera.
Nous devons quitter ce Conseil annuel en discutant de ce que nous ferons lors des réunions de fin d’année de nos divisions. Nous devons décider comment gérer cette situation au niveau de l’Union et comment atteindre nos pasteurs et nos églises locales.
Budgets, bâtiments et corps
Souvent, en tant que dirigeants, nous sommes très préoccupés par la gestion de l’église et très impliqués dans les affaires de l’église. Nous discutons de plans et de stratégies pour aider l’église à aller de l’avant. Nous nous réjouissons de nos finances, des nouvelles installations, des institutions, des nouveaux projets et des programmes. Petit à petit, tout cela finit par devenir une fin en soi.
Certains experts identifient cela comme les nouveaux « 3 B » de l’économie moderne de l’église. Il s’agit de trois priorités importées du monde des affaires, qui ont commencé à nous séduire.
Les trois B sont Budgets, Bâtiments et Corps (Body en anglais). Nous commençons à mesurer nos progrès par nos finances, nos actifs et la croissance de nos membres. Toutes ces choses sont importantes, et nous en avons besoin pour faire fonctionner notre organisation. Mais elles ne sont pas l’essence de notre église. Notre église est fondée sur son message et sa mission ; tout le reste en dépend.
Nous ne pouvons pas nous laisser accaparer par ces trois « B ». Si nous ne prenons pas le temps de discuter de nos croyances, de notre théologie et de nos défis spirituels — si nous ne trouvons pas le moyen de modifier certaines tendances, nous pourrions finir par prospérer dans nos activités, mais manquer d’identité. Nous pourrions finir par être une organisation forte, mais une église faible.
Église ou corporation ?
J’ai récemment lu un article sur les principales raisons qui expliquent le grand nombre de scandales dont des pasteurs sont impliqués, des dirigeants religieux et des célébrités religieuses dans le monde chrétien. L’article partageait les points de vue de trois responsables de certains des séminaires théologiques évangéliques les plus remarquables des États-Unis. Selon leur évaluation, les dénominations chrétiennes sont confrontées à un vaste problème spirituel. Les dirigeants chrétiens ont adopté les stratégies du monde des affaires et ont affaibli leur essence en tant que famille spirituelle.
L’Église adventiste du septième jour est confrontée à des défis similaires. Tout comme les grandes entreprises, nos réunions dédient une part importante de leur temps à des fins techniques. Parfois, à la fin de nos sessions, nous avons oublié qu’il s’agissait d’une réunion de l’Église du reste de Dieu. Nous avons simplement fait notre travail et nous en sommes satisfaits.
Il est temps d’être plus délibéré dans la prière et la discussion de ces questions, alors que nous prenons des décisions pratiques qu’impliquent l’utilisation du temps, nos meilleures ressources humaines et financières, et d’autres possibilités.
Alors, s’il vous plaît, prenez cette question en main. En tant que membres de l’église, priez à ce sujet et discutez-en avec votre pasteur, votre comité d’église et l’église locale. En tant que représentants des institutions ecclésiastiques, prenez-la en main et évaluez comment l’institution peut être plus alignée sur le message que le marché.
Nous investissons des sommes considérables dans des campagnes de marketing, dans la formation de personnes et dans des projets de conseil. Ces choses nous aident à faire face aux complexités actuelles du marché. Mais combien investissons-nous dans notre philosophie, la formation spirituelle de nos travailleurs, notre mission et notre identité en tant qu’adventistes du septième jour ?
Nous ne sommes pas dans une entreprise. Nous sommes dans une mission. Le seul commerce que nous avons n’est qu’un outil pour nous aider à remplir notre mission. Revenons donc à l’essence de notre rôle en tant qu’église du reste.
Lorsque les hauts dirigeants d’une institution adventiste délèguent les aspects spirituels de cette institution à d’autres, créant des postes pour que d’autres s’en occupent, les promeuvent ou défendent cette idée au sein de l’organisation, ces aspects spirituels ont cessé d’être une priorité pour l’institution.
Définition des priorités
Les priorités sont essentielles et dépendent du dirigeant. La personne qui occupe cette position peut certainement être entourée d’autres collègues qui jouent un rôle de soutien. Mais les priorités relèvent de la responsabilité du dirigeant.
Je demande aux responsables de la Conférence et de l’Union de bien vouloir dédier du temps pour discuter de cette question avec vos pasteurs, en cherchant des moyens de relever ces défis de manière positive et rédemptrice. Il ne s’agit pas de se battre avec les gens, mais de faire de notre mieux pour renforcer notre message.
Comment pouvons-nous renouveler nos chaires avec des messages bibliques plus solides ? Comment pouvons-nous utiliser nos moyens de communication pour parler un langage qui puisse atteindre le cœur des gens ? Les pasteurs locaux s’attendent à voir ce genre d’initiatives de la part de leurs dirigeants. Les dirigeants projettent une forte influence.
Lorsque les pasteurs voient que les dirigeants ne se contentent pas d’inviter d’autres personnes à parler de ces questions, mais qu’ils sont très dynamiques lorsqu’ils discutent de projets, de stratégies et d’investissements, ils identifient rapidement la priorité de l’église. Et les pasteurs commencent ainsi, étape par étape, à faire évoluer leur ministère dans cette direction. Lorsque des dirigeants de premier plan prennent la parole, prennent le temps de discuter des défis spirituels et théologiques auxquels nous sommes confrontés et manifestent leur intérêt, quelque chose commence à se produire.
Une voie à suivre
Après le Conseil annuel, la première étape devrait commencer au niveau de la division. Les divisions sont le bras du CG dans les différentes régions du monde. Les divisions doivent se saisir des grandes questions, les adapter à leur réalité particulière et les mettre en œuvre en conséquence.
C’est la raison pour laquelle je lance un appel aux responsables des divisions, afin que vous preniez au sérieux les défis spirituels auxquels nous sommes confrontés. Engagez l’église à prier et à réclamer l’effusion du Saint-Esprit. En même temps, prenez cette discussion en main et commencez à travailler sur de vraies solutions pour votre région. Vous avez de bons théologiens qui peuvent vous aider. Nous avons des collègues ici au CG, qui peuvent vous aider à vous soutenir. S’il vous plaît, prenez le temps de discuter de ces questions au sein de vos comités.
Restez concentrés sur la croissance de l’Église, mais n’oubliez pas que notre identité est la base de l’accomplissement réel de notre mission. Les dénominations qui ont perdu leur identité ont cessé de croître. Actuellement, de nombreuses dénominations qui ont perdu leur identité sont des institutions auxquelles sont rattachées des églises, au lieu d’être des églises exploitant des institutions. Tirons les leçons de l’expérience des autres. Si nous donnons la priorité à notre identité, nos activités seront bénies et notre mission sera accomplie.
Nous devons rester fidèles à la Parole de Dieu et à notre essence, en tant que peuple appelé à vivre et à partager le message biblique à la toute fin des temps. Nous devons toujours garder à l’esprit que nous sommes appelés à remplir non seulement nos églises, mais aussi le ciel. Et comme nous le lisons dans Jude 3, à « disputer avec ardeur la foi qui a été une fois pour toutes livrée aux saints. »