12 avril 2022 | Tor Tjerarsen | Adventist.no | EUD News
La rhétorique haineuse est une arme puissante pour créer des réalités néfastes pour les minorités religieuses dans des contextes fragiles. Dans plusieurs pays, les minorités religieuses sont la cible d’attaques de la part des autorités et des particuliers.
L’augmentation du nombre de conflits dans le monde ces dernières années a privé de nombreuses communautés religieuses de leurs droits humains fondamentaux, notamment de la liberté de religion ou de conviction. Cette situation est documentée dans le récent rapport du rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction. Ce rapport de 22 pages est intitulé « Droits des personnes appartenant à des minorités religieuses ou de conviction dans des situations de conflit ou d’insécurité ».
En 2020, un total de 82,4 millions de personnes ont été déplacées de force, ce qui représente plus d’un pour cent de la population mondiale. Cette situation est aggravée par la crise des réfugiés résultant de la guerre en Ukraine.
Le rapport souligne que les discours de haine peuvent « favoriser un environnement dans lequel la discrimination n’est pas seulement tolérée mais sanctionnée par les dirigeants politiques » (p. 5). Dans les situations de conflit, les minorités religieuses sont souvent qualifiées d’« étrangers », ce qui les expose à la violence. Le rapport cite plusieurs exemples de ce type de comportement. Un exemple concerne la guerre en Ukraine : « Dans les régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, les autorités de facto accusent régulièrement les dénominations chrétiennes “non traditionnelles” comme l’Église des saints des derniers jours et les Témoins de Jéhovah d’être des espions de l’Ukraine et des “intérêts occidentaux”. »
La rhétorique haineuse se manifeste dans les médias sociaux et même dans les programmes d’enseignement, « influençant les générations futures ». Au Yémen, les dirigeants des zones contrôlées par les Houthis modifient le programme scolaire pour refléter leur conception de l’islam.
Par la violence, l’intimidation et une législation discriminatoire, les États tentent de restreindre les droits humains des minorités religieuses ou d’éradiquer ces communautés. « Le Myanmar commettrait un génocide contre les Rohingyas par le biais d’une campagne systématique d’extinction ou d’expulsion de leurs communautés de l’État de Rakhine, en leur infligeant une violence généralisée et souvent aveugle » (p. 6). Il a été rapporté que trente-quatre églises chrétiennes et trois sites religieux islamiques ont été détruits au Myanmar sur une période de dix mois en 2021.
DES CONVERSIONS FORCÉES
Le rapport est une longue liste de violations des droits de l’homme subies par les minorités religieuses pendant les conflits. Les conversions forcées sont une forme de violation des droits de l’homme. L’objectif des conversions forcées est d’amener les minorités religieuses à abandonner leur identité confessionnelle et à s’assimiler à la culture principale. « Des preuves suggèrent que des conversions forcées de minorités ont eu lieu au Nigeria, au Myanmar, en Afghanistan, au Pakistan et au Soudan » (p. 7).
La violence sexuelle et sexiste est encore une autre forme d’oppression utilisée pour détruire les communautés minoritaires. Les histoires poignantes des femmes yézidies en Irak qui ont été agressées sexuellement et réduites en esclavage par les soldats d’ISIL en sont un exemple. La situation critique des femmes chrétiennes dans le nord du Nigeria en est un autre exemple.
LE CONFLIT COMME EXCUSE POUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME
Le Rapporteur spécial des Nations Unies note que « plusieurs autorités étatiques ont invoqué des situations de conflit ou d’insécurité, soit pour justifier de manière politiquement commode leur manquement à leurs obligations en matière de droits de l’homme, soit pour instrumentaliser la fragilité de certaines communautés afin de promouvoir leurs objectifs politiques » (p. 9). Le traitement des Uigurs en Chine, des Palestiniens en Israël et les mesures antiterroristes du Sri Lanka sont cités.
Les restrictions COVID-19 ont, dans plusieurs cas, été utilisées pour justifier les restrictions des droits des communautés minoritaires religieuses ou de croyance. Au Sri Lanka, en Inde et au Myanmar, les musulmans ont été accusés d’importer le virus ou d’augmenter les taux d’infection. Dans certaines régions, on a assisté à un « corona jihad » sur les médias sociaux.
Il existe des preuves que les autorités de certains pays ont activement travaillé pour empêcher les minorités religieuses de recevoir une aide humanitaire. Le rapport souligne l’obligation des représentants humanitaires de prêter attention aux croyances religieuses des communautés touchées.
ABROGER LES LOIS ANTI-CONVERSION
Le rapport du rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction se termine par des listes de recommandations. La première des 12 recommandations aux États est de « promouvoir et protéger la liberté de religion ou de conviction des minorités en abrogeant les lois anti-conversion et anti-blasphème… ». (p. 20).
La principale recommandation à l’intention des Nations Unies et de la communauté des donateurs est d’« éviter les grandes généralisations sur la relation entre religion et conflit » (p. 21). Le rapport contient une recommandation à l’intention des représentants de la société civile : « Les leaders et influenceurs confessionnels devraient user de leur autorité pour promouvoir des résolutions de conflits inclusives, pacifiques et justes et pour prévenir l’apparition de tensions, en particulier lorsqu’elles sont menées au nom de la religion ou de la croyance » (p. 22).
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