9 mai 2022 | Loma Linda, Californie, États-Unis | Lisa Aubry | Université de Loma Linda | DIA
Le Centre médical de l’Université de Loma Linda a récemment lancé un programme de détatouage pour permettre aux gens d’effacer leurs tatouages au message antisocial ou à l’effigie d’un gang de rue. Le programme fait partie d’un effort de freiner la violence liée au gangstérisme pour laquelle la région de l’Inland Empire, en Californie du Sud, aux États-Unis, est réputée.
Sigrid Burruss, une chirurgienne traumatologue du Centre médical de l’Université de Loma Linda, a dit avoir vu, dernièrement, plus de patients blessés par cause de violence, particulièrement par des altercations entre gangs. Elle a donc, avec l’aide de Juan Carlos Belliard et l’Institut pour les partenariats communautaires, mis sur pied le programme de détatouage afin d’aborder le problème d’un angle précis : effacer les tatouages stigmatisants pour aider les patients à ne plus se considérer comme des membres de gang et à éviter de demeurer des cibles d’attaques répétées.
« Les équipes de traumatologie de l’hôpital ne veulent pas voir revenir des patients déjà traités pour des traumas, a-t-elle expliqué. En plus de soigner des patients à l’hôpital, nous voulons tenter d’aborder les raisons pour lesquelles ils ont été blessés à l’origine. »
Selon la Dre Burruss, les tatouages ne sont pas que de l’encre sur la peau ; ils ont le pouvoir de communiquer une identité, une idéologie et une affiliation. L’effacement des tatouages antisociaux ou liés au gangstérisme visibles sur le visage, la tête, le cou ou les mains peut aider les gens à se protéger et à incarner l’image qu’ils souhaitent projeter.
Le programme de détatouage vise à servir ceux qui ont un historique de gangstérisme, ou qui ont vécu dans la pauvreté, et ceux qui font partie d’un groupe minoritaire ou sous-représenté cherchant à se débarrasser des marqueurs tatoués de leur passé afin de passer à autre chose, de s’intégrer à la société et de trouver un emploi.
Pour être admissibles, les patients doivent avoir complété au moins dix heures de service communautaire pour les organismes de leur choix, comme un refuge pour sans-abri, un jardin potager communautaire ou une église. La Dre Burruss a expliqué que cette exigence est une façon pour le programme d’engager les patients à établir un lien avec leur communauté d’une manière significative.
Le programme a, jusqu’ici, récolté énormément d’intérêt, a commenté la Dre Burruss. Dès les premiers jours d’ouverture du programme, plus de 100 intéressés se sont manifestés avec des questions. Elle a rapporté que la demande continue d’être forte et stable, témoignant du besoin auquel répond le programme dans la communauté.
David Loya, 34 ans, qui aide les gens dans leur transition entre la prison et l’obtention d’un emploi, est parmi les patients qui ont exprimé leur gratitude pour le programme. Il a dit être lui-même en train de faire effacer les tatouages qu’il a au visage, parce qu’ils ne le représentent plus et que le détatouage augmentera sa capacité d’aider ses clients lorsqu’il parle pour eux à des propriétaires d’entreprise.
« Quand je me regarde dans le miroir, mes tatouages me rappellent qui j’étais, mais je ne suis plus cette personne, a-t-il expliqué. J’ai remarqué que, quand je parle à des gens, ils voient mon visage et gardent une distance. Même s’ils finissent par s’habituer, je veux effacer ces tatouages de mon visage afin de ne plus être mal jugé ainsi que de pouvoir me regarder dans le miroir sans être constamment ramené à mes erreurs du passé. »
Selon les dires de M. Loya, qui a grandi dans l’Inland Empire, à l’adolescence, il « a pris le chemin de la rue » et « fréquenté les mauvaises personnes », ce qui a mené à un mode de vie impliquant des tatouages, un code vestimentaire précis et de l’abus de substances.
Pendant sept ans, a-t-il raconté, il a fait des allées et venues en centre pénitentiaire pour mineurs puis en prison et s’est fait de plus en plus tatouer pour exprimer son identité de gangster. La dernière fois qu’il s’est retrouvé en prison, avec une lourde peine, alors qu’il avait 27 ans, il dit avoir vécu une transformation de cœur fatidique : « J’étais assis dans ma cellule et j’étais juste fatigué. Je me suis que ça n’allait pas, que je ne voulais plus de cette vie. »
Lorsqu’il est sorti de prison, M. Loya est allé dans une maison pour hommes chrétiens au Way World Outreach, où il a changé de mentalité et développé le fort désir d’aider les autres. Il travaille maintenant comme dirigeant de son église auprès de personnes en liberté conditionnelle, de détenus et de personnes récemment sortis de prison et en transition vers un retour en société. Il les aide à obtenir un emploi ou à démarrer une entreprise. Et faire retirer les tatouages de son visage n’était qu’une étape de plus pour être mieux à même d’aider les autres.
« Ça fait du bien. Ça me semble être la bonne chose à faire, comme si j’oubliais le passé et que je passais à autre chose, à un avenir plus lumineux. »
Comme bien d’autres patients, M. Loya a besoin de plusieurs séances de détatouage pour permettre la guérison entre les séances, qui prend des semaines. Il se dit impatient d’arriver à la dernière séance et de voir le résultat final.
« Je suis reconnaissant pour ce programme de détatouage, car il me permet d’effacer une erreur, ce que je n’avais jamais cru possible. Je suis heureux qu’il y ait un programme pour les gens qui se sont fait faire un tatouage qu’ils voulaient, mais qui ont par la suite changé de mentalité. Ce programme leur propose une solution. »
Le programme de détatouage de l’Université de Loma Linda est possible grâce à une équipe d’infirmières praticiennes dévouées, à Andre Ike, coordonnateur du programme, et au soutien financier de l’Institut pour les partenariats communautaires, a dit la Dre Burruss. « Sans eux, le programme n’existerait pas. »
Elle a également expliqué que les programmes de détatouage comme celui du Centre médical de l’Université de Loma Linda font partie d’un plus grand projet de soutien des membres de la communauté qui en ont particulièrement besoin. Étant donné les faibles statuts socioéconomiques et les taux peu élevés d’obtention de diplômes secondaires et collégiaux dans la région, la Dre Burruss n’est « pas étonnée » de voir de tels niveaux de violence.
« Nous avons tous l’obligation d’attaquer ce problème de plusieurs angles afin de soutenir et d’édifier la communauté de laquelle nous faisons partie, a-t-elle ajouté. Et ce programme de détatouage en est un exemple. »
La version originale de cet article a été publiée sur le site d’actualités du Centre médical de l’Université de Loma Linda.
Traduction : Marie-Michèle Robitaille
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