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Le ministère de la radio au Cameroun

By 14 décembre 2020No Comments

16 novembre 2020 | Abraham BAKARI | Cameroun | West-Central-Africa Division 

En 2013, le Cameroun célébrait les cinquante ans de l’œuvre radiophonique. Plus des deux-tiers des membres de l’Église Adventiste au Cameroun doivent directement ou indirectement leur conversion aux émissions radiophoniques.

Au mois d’avril 2020, le Ministère de la Communication du Cameroun a accordé à la radio « Il est écrit » deux autorisations de diffusion pour les villes de Douala et de Nanga-Eboko. Ces deux viennent s’ajouter à la station-mère de Yaoundé dont l’autorisation remonte au 24 novembre 2003. Le lancement officiel des programmes s’est déroulé deux ans après, le 09 décembre 2005. Le Secrétaire Général du Ministère de la Communication, Antoine Medjo Mintom avait coupé le ruban symbolique. La radio « Il est écrit » lançait son émetteur Elettronika de 2KW et devenait ainsi la première station de radiodiffusion de la Division de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (DAO). Pasteur Luka T. Daniel, alors président de la DAO, saluait cet exploit avec à ses côtés, Pasteur Gilbert Wari, alors Secrétaire executif de la DAO, Pasteur Jean Emmanuel Nlo Nlo, directeur de Communication de la DAO.

Aujourd’hui, la radio a contribué d’une manière significative à faire tomber les préjugés sur l’Église Adventiste. De plus en plus de personnes vont dans les églises même sans invitation. Certaines personnes demandent directement le baptême après avoir suivi des messages. D’autres suivent des études bibliques sur place à la radio tous les mardis et les mercredis. Une cinquantaine d’auditeurs se retrouvent chaque semaine pour prier et pour étudier la Parole de Dieu. Les portes s’ouvrent facilement aux Représentants Évangélistes quand ils mettent en avant la radio « Il est écrit ». Dans les taxis, les bureaux, les maisons, le signal de la radio ne se perd pas. La couleur musicale est apaisante et beaucoup l’aiment.

La radio a été dans la veine de l’Église Adventiste au Cameroun. Mais surtout, elle a été pensée et demandée à Dieu avec de fortes instances. Pasteur Jean Emmanuel Nlo Nlo a joué un grand rôle d’ombre dans la création de cette radio. Il avait fait part de son rêve d’un réseau de chaînes de radio diffusant en modulation de fréquence. Malgré le fort ancrage de la Radio mondiale Adventiste dans les ondes courtes, l’idée a fait son bonhomme de chemin.

En septembre 1995, fraîchement rentré d’Utrecht en Holande où s’était déroulée la session de la Conférence Générale, pasteur Nlo Nlo Jean Emmanuel, alors directeur de Communication de la Division Afrique Océan-Indien, a rencontré le Ministre de la Communication Pr Augustin Kontchou Komegni accompagné du Pasteur Jean Bikanda. Le ministre a encouragé l’Église Adventiste à se doter de ses équipements en attendant le décret de libéralisation de l’audiovisuel au Cameroun.

C’est ainsi qu’à l’occasion du Comité de la Conférence Générale tenue en 1996 au Brésil, pasteur Emmanuel Boma, alors président de l’Union d’Afrique Centrale accompagné du pasteur Brésilien Paulo Leitao a pu rencontrer le frère Afonso Milton. Il lui a parlé d’un projet de radio FM à Yaoundé. De cette rencontre, il reçoit un appui de 45 000 dollars pour l’achat des équipements. En 2000, Pasteur Gilbert Wari, directeur de Communication à l’Union Mission de l’Afrique centrale pilote le projet et passe le témoin au pasteur Vincent Roger Same. Ce dernier a travaillé d’arrache-pied pour le lancement des diffusions mais il sera appelé à servir comme Président de l’Association de l’Ouest Cameroun. Il passe le témoin au frère Abraham Bakari qui mène le projet à exécution le 09 décembre 2005.

Aujourd’hui, la radio « Il est écrit » a fait des milliers de baptêmes par l’influence directe de ses messages, sans compter les influences indirectes. Une trentaine de volontaires travaillent inlassablement à la proclamation du message de vie. Les défis restent énormes avec le projet d’extension du signal à 14 autres stations de radiodiffusion à travers le pays.
L’histoire de cette radio ne date pas d’hier. Elle remonte au début des années soixante. Ainsi que le relate Pasteur Aimé Henri Cosendai, pionnier de cette œuvre : « Au Cameroun et en Afrique Centrale et Équatoriale, c’est bien la Providence qui nous a ouvert « la voie des ondes ». En juillet 1963, Monsieur Jean Bikanda, alors Commissaire Général à l’Information du gouvernement camerounais, constatant que l’Église Adventiste n’avait pas encore sa tranche d’émissions, a convoqué les représentants des différentes églises pour remanier la grille des programmes de façon à lui accorder sa place sur l’antenne.

La porte était ouverte et nous y sommes entrés avec les émissions de la « voix de l’Espérance » préparées au studio de Paris, avec une émission éducative de 15 minutes intitulée « Nous et nos enfants » d’après le titre de l’excellent livre de R. W. Beach, et avec une émission religieuse de 30 minutes, préparée sur place et passant chaque samedi matin intitulée « Il est écrit ». Son indicatif la présente comme « une analyse des tendances, des faits, des événements de notre époque à la lumière des Saintes Écritures; une révélation du plan de Dieu pour l’Avenir de notre planète et de ses habitants ». Plus de 700 émissions « Il est écrit » ont actuellement passé sur les ondes du Poste National de Radio-Yaoundé, sans compter celles qui sont diffusées en différé sur les ondes du Poste Provincial de Radio-Douala et sur celles de Radio et Télévision Centrafricaine, à Bangui où elles sont également traduites en sango. »[1]

Le succès est éclatant ainsi qu’en témoignent les autorités gouvernementales ainsi que les citoyens restés attachés à la marque « Il est écrit ». C’est d’ailleurs ce qui a motivé le choix de la dénomination de la radio qui est née de ce ministère fructueux qui a su toucher des millions d’auditeurs à travers le Cameroun et une bonne partie de l’Afrique. De la plume du chroniqueur Pasteur Cosendai dans son rapport, nous pouvons lire son compte rendu : « Par les nombreuses lettres qui nous parviennent chaque semaine du Cameroun, du Gabon, de la République populaire du Congo, du Tchad, de l’Empire Centrafricain et même du Togo, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, nous savons que ces émissions sont bien accueillies au-delà des frontières du Cameroun. Un intérêt croissant pour le Bulletin des émissions « Il est écrit », contenant les textes diffusés, ne fait qu’augmenter. Nous n’arrivons plus à satisfaire toutes les demandes. Le « Bulletin » tire actuellement à plus de 5 000 exemplaires et on pourrait doubler ce tirage si nous en avions les moyens. »

Alors que le Cameroun a étendu son réseau de diffusion avec de nouveaux émetteurs provinciaux, les programmes « Il est écrit » étaient sollicités pour faire partie de la grille. Des pays comme le Gabon, le Togo, le Sénégal, la Haute-Volta d’alors, la République Populaire du Congo d’alors, le Tchad, la Centrafrique ainsi que la Polynésie française étaient preneurs des programmes produits à partir du modeste studio logé au garage du Pasteur Cosendai. Il va former Patrice Ngangoumou, un des fils de son domestique. Il assurait la technique et la réalisation et avait enregistré le roulement du tambour des jingles utilisé actuellement. Quant à l’indicatif des émissions portant la voix de Cosendai, frère Aboutou Jérémie avait joué le tam-tam à Avebe. Pour la petite histoire, Pasteur Cosendai aurait aimé enregistré la voix d’Aboutou pour l’indicatif, mais il n’arrivait pas à bien articuler « Il est écrit ». Il s’est donc résolu à le faire lui-même. Et sa voix est restée collée comme un symbole aux productions « Il est écrit ». Certaines musiques instrumentales ont été l’œuvre des pasteurs Nlo Nlo Jean Emmanuel et M’Bouala Alphonse, d’excellents guitaristes.

Les défis financiers et matériels étaient énormes mais l’impact de ces émissions et bulletins « Il est écrit » était si grand que la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis d’Amérique a écrit pour solliciter des exemplaires à titre de don. C’était le résultat d’un travail d’excellence de nombreux chroniqueurs dont les Pasteurs Aimé Cosendai, Marcel Fernandez, Karl Johnson, Jean-Paul Cosendai, Joseph Nkou, Eya Medjo Clemenceau, Gilbert Wari, Jean Bikanda, Jean Emmanuel Nlo Nlo, André Makong, Jean Trebeau, Vincent Roger Same, pour ne citer que ceux-là. Il y avait aussi d’énormes défis techniques et d’approvisionnement en bandes et autres matériels. Mais grâce à l’appui des frères et sœurs d’Europe, de frère Kilian, directeur du département des Communications à la Division Eurafricaine, un nouveau studio d’enregistrement professionnel a pu être installé. Ainsi la demande des pays environnants avait pu être satisfaite.

Et c’est ainsi aussi que des cours bibliques par correspondance sont proposés aux nombreux auditeurs. Leur soif aiguisée par les émissions les portait à étudier en profondeur la Parole de Dieu. Toute une équipe se chargeait d’effectuer le suivi qui aboutissait pour une bonne partie au baptême. Ces fruits des émissions radiophoniques ont constitué la première force de l’Église. Une bonne partie des vieux membres sont passés par cette école avant de se retrouver dans l’Église Adventiste.

Pasteur Aimé Cosendai raconte qu’un autre « signe de l’impact des émissions est certainement le fait que Monsieur Jean Bikanda, celui-là même qui, en sa qualité de Commissaire Général à l’Information, avait introduit l’Église Adventiste sur les antennes de Radio-Yaoundé, a été à son tour saisi par le message diffusé par les ondes et par les cours de Bible de « La Voix de l’Espérance », il a été baptisé. » Il deviendra plus tard en décembre 1986, le directeur du département Radio-Communications de l’Union des Églises Adventistes de l’Afrique Centrale.[2] Plus tard, son témoignage ajouté à l’impact des émissions et les cours bibliques par correspondance va gagner le frère Rostand Mvié, un ancien Secrétaire Général du Ministère de l’Information.

En définitive, la radio a de beaux jours devant elle. Elle se colle bien au web pour devenir webradio. Elle s’agrippe au numérique pour devenir radio numérique. Et comme le disait le pionnier de l’œuvre radiophonique adventiste au Cameroun, « la radio est incontestablement le « média » d’information le plus puissant et le plus efficace en Afrique ». Nous nous réjouissons de la multiplication des chaînes de radiodiffusion à travers le territoire de la Division de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.


Abraham BAKARI, Directeur Radio « Il est écrit »

Author Pôle communications

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