Bettina Krause, Affaires Publiques et Liberté Religieuse
Des récits déchirants sur la violence faite aux enfants réfugiés et migrants ont donné le ton dans une rencontre unique qui a eu lieu ce mois-ci à Rome, en Italie, et qui a rassemblé des représentants de plus de 80 groupes religieux internationaux et d’organisations non gouvernementales.
Le sommet de trois jours, intitulé « Action de Foi pour les Enfants Déplacés, » a débuté le 16 octobre 2018 et a attiré quelque 200 participants. Son objectif était de nouer de nouveaux partenariats pour aider à protéger 28 millions de jeunes et d’enfants vulnérables dans le monde, actuellement déplacés de leurs foyers à cause des conflits, de la pauvreté, des catastrophes naturelles ou des migrations.
« Cela a été une expérience vraiment touchante de prendre part à cette rencontre, » a dit Ganoune Diop, directeur des Affaires Publiques et de la Liberté Religieuse pour l’Eglise Adventiste du Septième Jour et l’un des organisateurs du programme. « De nombreuses organisations et traditions religieuses différentes se sont rassemblées pour une simple raison : parce que nous sommes touchés au plus profond de notre être par la souffrance et le traitement inhumain infligés aux enfants, et en particulier aux enfants déplacés. »
L’augmentation au niveau mondial du nombre de réfugiés et de migrants au cours des dernières années s’est traduite par une augmentation équivalente de l’exploitation d’enfants, qui se retrouvent souvent la proie du trafic, du travail forcé, de la pornographie, des mariages forcés et de d’autres situations de maltraitance physique.
Le simple nombre d’enfants déplacés a attiré l’attention des entités mondiales. Selon le Fonds International des Nations Unies pour l’Enfance, un enfant sur 80 dans le monde est déplacé de son foyer. Entre 2005 et 2015, le nombre d’enfants réfugiés a plus que doublé, passant de 4 millions à 9 millions. On estime à 300000 le nombre d’enfants qui ont franchi les frontières en 2015 et 2016 en tant que mineurs non accompagnés.
La violence vécue par beaucoup de ces enfants et de ces jeunes est encore plus préoccupante. Près de 30% des victimes de trafic détectés dans le monde sont des enfants. On estime que sur l’une des routes migratoires transméditerranéennes bien connues – de l’Afrique subsaharienne à l’Europe – un adolescent a plus de 70% de chances d’être victime de violence physique.
Le programme qui a eu lieu à Rome était dirigé par World Vision International et soutenu par un certain nombre d’organisations, dont l’Église Adventiste du Septième Jour au niveau mondial et l’Agence Internationale Adventiste de Développement et de Secours (ADRA). Ganoune Diop était membre du comité organisateur et il a fait une présentation lors de la première séance plénière, expliquant pourquoi les groupes religieux devraient coordonner leurs efforts pour traiter la question du sort des enfants déplacés.
Faisant remarquer la grande diversité de religions représentées, Ganoune Diop a déclaré : « C’est la reconnaissance de notre humanité commune qui nous rassemble. » Tout en reconnaissant des différences théologiques claires et immuables, il a considéré les valeurs communes de compassion et de justice dans les enseignements Chrétien, Musulman, Juif, Hindou et Bouddhiste. Ganoune Diop a déclaré au groupe que ce consensus moral permettait aux personnes de toutes les traditions religieuses de « se rassembler pour sauver des vies, protéger des vies et garantir la capacité des enfants à se développer dans des environnements sains, sans violence, maltraitance et meurtre. »
Dans une interview donnée après le programme, Ganoune Diop a déclaré que ce dernier créait une opportunité d’affirmer des valeurs Adventistes essentielles dans un contexte multiconfessionnel. « La vision holistique de la vie qu’ont les Adventistes découle de notre ferme conviction dans le récit biblique de la création, qui décrit clairement l’humanité créée à l’image même de Dieu, » a déclaré Ganoune Diop. « Et si chaque être humain porte l’empreinte du Créateur, alors nous ne pouvons tout simplement pas rester en marge lorsque des êtres humains – en particulier des enfants sans défense – sont exploités et maltraités. »
« Des paroles de l’ancien prophète Michée invitant à « pratiquer la justice et aimer la miséricorde » en passant par les paroles accablantes de Jésus qui dit dans Matthieu 25 : « J’avais faim, j’avais soif, j’étais étranger, » il est clair que les Chrétiens Adventistes sont appelés à s’identifier avec les exclus, et à considérer l’oppression des personnes vulnérables comme étant une insulte à Dieu lui-même, » a déclaré Ganoune Diop.
Avant le programme, le comité d’organisation avait demandé à Ganoune Diop de rédiger un document fournissant un fondement théologique à l’engagement des groupes confessionnels dans la lutte visant à mettre fin aux violences faites aux enfants déplacés. Chaque participant a reçu une copie de ce document.
Au cours des trois jours de présentations et de panels, les participants ont exploré des moyens de mieux concentrer et coordonner leurs efforts en matière de soutien et de protection des enfants réfugiés et migrants.
« Ce n’est que le début d’une conversation, » a déclaré Ganoune Diop, « et nous espérons que cette conversation sensibilisera davantage à l’exploitation tragique des enfants déplacés, et encouragera également des partenariats fructueux entre groupes religieux pour lutter contre cette épidémie mondiale. »
L’Église Adventiste du Septième Jour œuvre depuis longtemps pour le bien-être des enfants par le biais de son réseau mondial d’écoles et d’hôpitaux et grâce à l’action d’ADRA au niveau mondial. Le département des Ministères de l’Enfance, dirigé par Linda Mei Lin Koh au niveau de l’Église Adventiste mondiale, produit des ressources pour les enfants et s’emploie à favoriser la prise de conscience des besoins des enfants à travers le monde.
Traduction: Patrick Luciathe