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Les influenceurs et l’Église

28 avril 2023 | Eric Belloy | EUD News

Je trouve YouTube absolument incroyable ! Je suis toujours impressionné par le fonctionnement de l’algorithme et par la manière dont YouTube parvient à me proposer exactement ce qui m’intéresse à chaque fois que je me connecte. YouTube me fait plusieurs suggestions, et je trouve toujours non pas une, mais souvent quatre, cinq, voire six vidéos intéressantes à regarder. Et lorsque je regarde ne serait-ce qu’une seule de ces vidéos, YouTube me propose d’autres suggestions tout aussi intéressantes. C’est un véritable effet boule de neige. Ce qui a fondamentalement changé avec YouTube, c’est que ce n’est pas moi qui dois m’adapter au programme, mais le programme qui s’adapte à moi !

Qui pourrait nier que YouTube, et les réseaux sociaux en général, ont changé notre mode de vie ? Et ce, en seulement 20 ans ! Pouvez-vous imaginer un monde sans YouTube aujourd’hui ? C’est déjà difficile pour ceux qui ont connu l’époque avant YouTube, alors il n’est certainement pas exagéré de dire que pour les générations Y et Z, c’est impossible !

Oui, les médias sociaux ont eu un impact énorme sur notre façon de vivre et de penser. Ce n’est pas pour rien que les YouTubers, TikTokers, Instagrammers, etc. sont plus généralement appelés « influenceurs ». C’est précisément parce qu’ils ont une grande influence sur ceux qui les « suivent ».

Quel est l’impact de ces nouvelles influences sur l’Église ? Sont-elles positives ou négatives ? Comment pouvons-nous faire face à ces nouvelles influences ? La Bible parle-t-elle des réseaux sociaux et des influenceurs ? Pas vraiment, n’est-ce pas ? Et pourtant… !

La communication au 1er siècle

À l’époque du Nouveau Testament, au premier siècle de notre ère, YouTube n’existait évidemment pas, pas plus que les autres réseaux sociaux tels que nous les connaissons aujourd’hui. La communication se faisait de manière très différente. Si nous prenons l’exemple de Paul lors de ses voyages missionnaires, nous constatons que lorsqu’il arrivait dans une nouvelle ville, il se rendait généralement d’abord à la synagogue. Pourquoi la synagogue ? Tout simplement parce que c’était l’endroit où les juifs de l’époque se réunissaient. C’était l’endroit où les gens de la société étaient les plus susceptibles de s’intéresser à l’Évangile, de le comprendre et de l’accepter !

En général, ce sont les orateurs qui allaient vers les gens, là où ils se trouvaient, là où ils se réunissaient. Aujourd’hui, la situation est complètement différente : les gens restent beaucoup plus souvent à la maison, et ils choisissent qui rentre à la maison par l’intermédiaire de l’écran. Il est vrai qu’il y a tellement de choix sur Internet qu’il est très facile de trouver l’orateur qui va me faire  » vibrer  » : celui qui trouve les mots qui vont me toucher, et surtout celui qui dit ce que j’aime.

Pour en revenir à la Bible, oui, elle parle bien d’influenceurs ! Et dans l’exemple que je vais citer ci-dessous, la Bible soulève justement les problèmes que les influenceurs ont générés dans l’Église, des problèmes au sein de la communauté des croyants. Oui, il faut bien l’admettre : les réseaux sociaux, qui ont l’air si merveilleux, ont aussi leur revers.

Un influenceur biblique

Prenons l’exemple d’Apollos, un homme dont la Bible parle très peu, puisque son nom n’apparaît pas plus de dix fois dans tout le Nouveau Testament, et qu’il n’est mentionné que par deux auteurs bibliques, à savoir Luc et Paul.

Le premier texte qui nous parle d’Apollos vient de la plume de Luc. Nous lisons dans Actes 18 qu’Apollos était « éloquent et versé dans les Écritures » (v. 24), qu’il était « instruit dans la voie du Seigneur, et que, fervent en esprit, il parlait et enseignait avec exactitude les choses qui concernent Jésus » (v. 25). Luc écrit également qu’Apollos parlait « avec assurance dans la synagogue » (v. 26) et que, malgré sa connaissance et son assurance, il se laissait enseigner par Priscille et Aquila (v. 26). Le verset 28 nous dit qu' »il réfutait publiquement et vigoureusement les Juifs et prouvait par les Écritures que Jésus est le Christ ».

Quel caractère ! Apollos a de la connaissance, de l’humilité, du tempérament, du charisme et de l’énergie. Que pouvons-nous demander et attendre de plus pour accomplir la grande mission que le Christ nous a confiée ? Luc dépeint Apollos comme un grand évangéliste qui a beaucoup contribué à la diffusion de l’Évangile.

D’autres textes du Nouveau Testament nous donnent plus d’informations sur Apollos :

Il a effectué des voyages missionnaires, notamment en Crète.

Paul était en contact avec Apollos, puisqu’il écrit qu’il a « beaucoup encouragé » Apollos à se rendre à Corinthe.

Paul mentionne Apollos comme une grande influence, au même titre que Pierre ou lui-même. Compte tenu de la grande influence, de l' »aura », que Pierre et Paul avaient auprès des premiers chrétiens, nous comprenons qu’Apollos accomplissait un travail d’évangélisation extraordinaire. Il faut d’ailleurs noter que si la Bible parle peu d’Apollos, elle en dit plus sur lui que sur les douze apôtres ! Si Apollos est beaucoup moins connu que Paul, c’est certainement dû au fait qu’il n’a pas laissé de lettres, de messages écrits, comme l’a fait Paul.

Nous avons suffisamment d’indices sur Apollos pour pouvoir dire qu’il était un « leader spirituel », un « guide spirituel », ou un « influenceur », tout comme Paul. D’autre part, je suis convaincu que si Apollos – ou Paul – était vivant aujourd’hui, il aurait sa propre chaîne YouTube et multiplierait le nombre d’abonnés, dont beaucoup d’entre nous feraient très probablement partie.

Apollos n’est pas dans mon église, ni dans la vôtre. Mais il était dans la communauté de Corinthe, et si nous regardons ce que Paul écrit à l’église de Corinthe, nous pouvons voir le problème généré par les influenceurs de l’époque, dont Apollos fait partie.

Le problème de l’Église de Corinthe

Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul encourage les chrétiens de Corinthe à mettre fin aux divisions et à garder l’unité entre eux (1:10). Paul avait entendu dire qu’il y avait des disputes (1:11) au sein de l’Église, parce que les uns disaient : « J’appartiens à Paul », et les autres : « J’appartiens à Apollos », « J’appartiens à Céphas », ou « J’appartiens à Christ » (1:12).

L’église de Corinthe était divisée à cause des influenceurs de l’époque. Mais si nous analysons le problème de Corinthe plus en détail, nous pouvons voir que le problème n’est pas lié aux personnes influentes. Proclament-ils un enseignement erroné ? Conduisent-ils la communauté sur une mauvaise voie à cause de leur influence ? Répandent-ils une fausse théologie ?

Non ! Paul ne dit rien de tout cela ; nulle part dans la Bible Paul ne leur reproche leur théologie ou leur façon de partager l’Évangile. Ce qui divise les Corinthiens n’a rien à voir avec l’exactitude et la véracité du message des influenceurs. À Corinthe, il semble donc que tous les influenceurs mentionnés par Paul proclament la vérité, mais peut-être avec des sensibilités différentes, avec des mots différents, ou qu’ils mettent l’accent sur des aspects ou des priorités différents, sans se contredire les uns les autres.

Le vrai problème à Corinthe n’est pas Apollos, Paul ou Pierre. Le problème n’était pas avec les influenceurs, mais avec les auditeurs ! Le problème était que les auditeurs s’identifiaient apparemment trop à leur influenceur préféré, le citant plutôt que le Christ ou les Écritures. Il faut reconnaître qu’ils n’avaient pas accès aux Écritures comme nous le faisons aujourd’hui. À l’époque, le Nouveau Testament n’existait pas, et même s’il existait, seuls 5 à 10 % de la population savaient lire. Ils n’avaient donc d’autre choix que d’écouter des orateurs comme Apollos, Paul et Pierre pour enrichir leur connaissance du Christ.

D’autre part, s’il y avait des divisions au sein de la communauté chrétienne de Corinthe, il est probable qu’ils ne partageaient pas assez entre eux dans un esprit de recherche de la vérité. Oui, c’est par la prière, l’étude de la Bible et le partage au sein de la communauté que chacun peut grandir, et que toute la communauté peut grandir spirituellement et dans l’unité. C’est ce qu’ont fait les Béréens, qui étaient unis dans leur recherche de la vérité. C’est aussi ce que faisaient les pionniers de l’Église adventiste du septième jour, et cela leur a permis de découvrir de nombreuses vérités bibliques nouvelles ou oubliées.

Pour en revenir à l’Eglise de Corinthe et à ses problèmes, Paul dit dans la suite de sa lettre que les divisions internes montrent que les chrétiens de Corinthe sont encore des « enfants en Christ », incapables de supporter une « nourriture solide ». Paul voit cela précisément et simplement dans le fait que chacun se réclame exclusivement de l’une ou l’autre influence.

Paul établit donc explicitement un lien entre (1) la maturité spirituelle en Christ, d’une part, et (2) les divisions internes de l’Église à cause des influenceurs, d’autre part.

Pour résumer le problème de l’église de Corinthe, Paul nous dit que les chrétiens en étaient venus à n’écouter que tel ou tel orateur, négligeant les autres, ou les considérant comme moins importants, moins fiables, moins intéressants, ou moins dignes d’être écoutés. Chacun avait choisi son influenceur, son guide spirituel, et ils ne discutaient pas – ou pas suffisamment – les uns avec les autres, pour réfléchir ensemble et confronter les idées reçues de l’un ou l’autre guide spirituel.

Pas mieux qu’il y a 2000 ans

Que pouvons-nous apprendre de l’Église de Corinthe pour nous aujourd’hui ? Que pouvons-nous apprendre pour notre vie d’Église confrontée à un nombre presque infini d’influenceurs ?

Comme vous pouvez l’imaginer, il y a certaines réalités qui montrent que l’être humain n’a pas beaucoup changé depuis l’époque de Paul :

1ère réalité : nous choisissons nos guides spirituels. Nous décidons, souvent inconsciemment, qui nous voulons écouter et par qui nous voulons être influencés.

2ème réalité : nous nous sommes habitués, en utilisant les réseaux sociaux, à entendre toujours les mêmes orateurs, ou les mêmes styles de messages, ceux qui nous  » emballent « , ceux qui nous parlent, ceux qui vont dans le sens de ce que nous pensons déjà ! Et ce n’est pas entièrement de notre faute, ce sont les algorithmes des réseaux sociaux et notre cerveau qui nous y poussent.

En effet, Roberto Tiby, spécialiste des neurosciences commerciales, nous dit que « notre cerveau, paresseux par nature, cherche constamment à confirmer ce qu’il pense déjà et ce qu’il croit ».

3ème réalité : nous partageons très peu, peut-être même pas du tout, ou de moins en moins, ce que nous apprenons. Il est nécessaire ici de redéfinir ce que signifie partager. Partager, ce n’est pas simplement transmettre le lien d’une vidéo à un ami, c’est un contresens ! Partager, c’est discuter, échanger, confronter des idées, réfléchir ensemble, avec quelqu’un qui ne sera peut-être pas d’accord avec nous, ou qui complétera et enrichira notre réflexion. Et ce, bien sûr, autour de la Bible. Il ne s’agit pas de se focaliser et de se limiter à ce que nous croyons ou pensons. Il est vrai que la plupart des êtres humains n’aiment pas la confrontation. Ils préfèrent continuer à regarder les choses de leur côté, à faire du bien spirituellement pour eux-mêmes, plutôt que de risquer une confrontation d’idées avec d’autres. Une telle attitude semble préférable et positive, mais elle a des effets pervers insoupçonnés.

Cela m’amène à faire le constat suivant : nous sommes tellement habitués à choisir ce que nous regardons, et à le « zapper » si nous ne l’aimons pas, que nous n’avons plus l’habitude de remettre en question nos propres idées.

Je prendrai un exemple concret pour illustrer mon propos. Au cours des deux dernières décennies, j’ai remarqué un changement dans l’attitude des membres à l’égard de la prédication qu’ils entendent. Aujourd’hui, si quelqu’un aime une prédication parce qu’elle va dans le sens de ses idées, on l’entendra facilement dire : « C’était un bon sermon », alors que si le message heurte ses idées, on l’entendra dire : « Je n’ai pas aimé le sermon », ou pire encore : « C’est un mauvais prédicateur ». Pourtant, un message efficace doit interpeller, offenser d’une manière ou d’une autre, n’est-ce pas ? Sans défi, il n’y a pas de progrès ! Mais sommes-nous prêts à entendre autre chose que ce qui nous rend heureux ?

Vous pouvez imaginer combien il est difficile pour un pasteur de parler à son église, à toute son église, si la moitié des membres se sont déjà « désabonnés » de lui dans leur esprit. Ils n’écouteront même pas ce que dit le pasteur, ils ne réfléchiront pas à ce qu’il dit, ils iront voir ailleurs. Nous avons appris à fonctionner ainsi. Mais alors, avons-nous encore besoin d’un pasteur si nous ne l’écoutons plus, ou si nous ne l’écoutons que lorsque nous aimons ce qu’il dit ? Si la réponse est « oui », écoutons-le ! Et même s’il dit parfois des choses qui ne nous plaisent pas, ne changeons pas d’orateur comme sur YouTube !

Nous devons être conscients que, comme nous l’avons déjà dit, le problème ne vient pas en premier lieu de l’orateur, mais de la manière dont nous nous laissons influencer par ceux que nous choisissons comme guides spirituels, et de la manière dont nous recevons leurs messages. Oui, je pense que notre attitude sur les réseaux sociaux est un danger pour l’Église aujourd’hui, comme elle l’était à Corinthe à l’époque de Paul.

Quelle est la solution pour l’Église de Corinthe ?

Voyons maintenant quelle a été la réponse de Paul à l’Église de Corinthe, confrontée à ce problème de division interne.

Paul nous rappelle dans 1 Corinthiens 3:5-9 que les chefs spirituels présents à Corinthe sont des serviteurs de Dieu, à qui Dieu a accordé des dons, et par qui les chrétiens de Corinthe ont appris à connaître le Christ ! Ces guides spirituels sont donc nécessaires et importants pour connaître le Christ et grandir spirituellement. Paul ajoute que tout ce que font ces guides spirituels est au service du Christ, comme une contribution à la « construction » de Dieu. L’édifice de Dieu n’est pas l’individu, mais l’Église en tant que communauté. En effet, tous les dons spirituels que l’Esprit Saint attribue à tous les serviteurs de Dieu contribuent à « l’édification du corps du Christ » (Ephésiens 4:12), c’est-à-dire à l’édification de l’Eglise !

Ainsi, nous pouvons résumer l’enseignement de Paul en disant, premièrement, que ces influenceurs sont au service du Christ, selon les dons qui leur ont été donnés par le Saint-Esprit, et pour autant que leur théologie soit correcte ; et, deuxièmement, que le développement spirituel individuel a pour but ultime l’édification de l’Église, la « construction » de Dieu ! Ainsi, si l’enseignement des guides spirituels ne concerne qu’eux-mêmes, l’objectif de Dieu n’est pas atteint. Pire, la réticence à confronter au sein de la communauté les différentes idées transmises par les influenceurs, combinée à la réticence à rester critique vis-à-vis de ces enseignements, ne fait que renforcer la polarisation des idées au sein de l’Église. C’est ce que Paul voulait éviter à l’Église de Corinthe et, malheureusement, c’est ce que nous voyons aussi souvent se développer dans nos Églises aujourd’hui, conduisant – dans le pire des cas – à une scission de la communauté. On est loin de l’Église voulue par Dieu : une Église conduite par le Saint-Esprit, en croissance spirituelle et numérique, marquée par l’amour et l’unité en Christ.

Développer sa propre opinion

De manière très concrète, je vous propose quelques suggestions pour développer votre propre opinion, sans vous contenter de répéter l’opinion d’un quelconque influenceur :

Revenir à la Bible, à l’amour de la lecture de la Bible.

Quand on a du temps libre, il est plus facile de regarder YouTube que d’ouvrir sa Bible. Et on passe des heures sur YouTube, et si peu de temps avec la Bible.

Il ne suffit plus de vérifier que les textes bibliques cités par un orateur sont corrects. Combien de fois ai-je entendu des gens parler de la Bible et, théologiquement, tout était (presque) juste, mais leur message ne correspondait pas à la Bible, c’est-à-dire qu’ils ne transmettaient pas un message d’espérance :

Ils ne transmettaient pas un message d’espoir qui soulage et allège le cœur, mais plutôt un sentiment d’oppression, voire de peur.

Ils ne transmettaient pas la joie, l’amour du Christ qui déborde sur vous et moi.

Ils ne parlaient pas d’un changement de cœur, mais axaient leur message sur un changement d’attitude (œuvres).

Ils n’ont pas transmis la paix et la sérénité divines, mais plutôt l’angoisse.

Ils ne parlaient pas de liberté en Christ, mais de dépendance à certaines conditions, ce qui m’a fait douter de mon salut.

Ils ne transmettaient pas un message positif, encourageant et valorisant, mais un message qui me décourageait, qui me faisait me sentir mal et même sans valeur, parce qu’il me montrait que je n’étais pas assez bon.

Non, et je suis profondément désolé de le dire, il ne suffit pas de vérifier que les textes bibliques utilisés sont corrects, il faut vérifier que le message général est en harmonie avec le message général de la Bible ! Mais pour cela, il faut étudier la Bible, sans le filtre des influenceurs.

Paul nous rappelle que nous avons tous des dons, et des dons différents, donnés par le Saint-Esprit. D’une part, cela signifie que le Christ a besoin que chacun d’entre nous apporte sa pierre à l’édifice, et d’autre part, cela nous donne l’humilité nécessaire, car personne ne peut dire « j’ai compris, je sais, et je n’ai pas besoin des autres », ou bien « j’ai compris, je sais, je vais leur expliquer ». Paul montre clairement que le processus de croissance, qu’il s’agisse de la croissance spirituelle individuelle ou de la croissance numérique de l’Église, passe par la communauté. La croissance est le but, voire la vocation, de la communauté centrée sur le Christ qui nous unit.

Notre rôle est de rester concentrés sur Dieu et de lui donner l’occasion de faire grandir son Église, comme Paul l’a mentionné à l’Église de Corinthe.

Ce que les Corinthiens avaient oublié, c’est que notre rôle en tant que chrétiens est de rester concentrés sur Dieu et de lui donner l’occasion de faire grandir son Église. Dieu veut nous utiliser comme des acteurs majeurs dans la croissance de son Église. Notre esprit doit rester concentré sur Dieu, et notre mission est de faire des disciples en reflétant l’amour de Dieu dans nos cœurs et en témoignant de la source de cet amour, à savoir le Christ. Les Corinthiens l’ont oublié, ne l’oublions pas dans notre contexte de vie actuel.

Responsabilité personnelle

Je voudrais maintenant vous lancer un défi personnel. Nous sommes tous sur les réseaux sociaux, et je suis convaincu que Dieu utilise ces moyens et qu’ils doivent être utilisés pour partager l’Évangile. Mais nous avons vu qu’il y a aussi des risques cachés, non pas tant du côté des influenceurs que du nôtre.

La prochaine fois que vous utiliserez les réseaux sociaux, réfléchissez honnêtement à quelques questions de base :

Pourquoi est-ce que j’utilise ce réseau social ? Pourquoi ne pas ouvrir la Bible à la place ? Quel est mon but ?

S’agit-il pour moi d’un substitut à l’église ?

Est-ce pour me sentir bien (ce que j’ose appeler la masturbation spirituelle), ou pour l’édification de l’Église ?

Est-ce simplement parce que c’est plus facile que d’ouvrir la Bible ?

Suis-je conscient que je ne regarde que ce qui me plaît ? Est-ce vraiment ce que je veux ? Suis-je assez naïf pour croire que c’est ainsi que je me développerai spirituellement ?

Toutes les études montrent que les réseaux sociaux contribuent à une polarisation croissante de la société, quel que soit le sujet. Ils divisent profondément la société, comme ce fut le cas à Corinthe. Le problème n’est pas nouveau, il faut juste prendre conscience qu’il concerne aussi l’Église.

Que vais-je faire concrètement pour que cela contribue à l’édification de l’Église ?

Ceci en étant conscient que partager « j’ai compris, je sais et je vais expliquer » aboutira inévitablement à la division.

L’enjeu est réel !

Je pense que l’enjeu est réel : si nous abandonnons l’Eglise au profit des réseaux sociaux, d’une part, nous n’accomplissons plus le dessein de Dieu et la mission que le Christ nous a donnée, mais d’autre part, l’Eglise va se perdre elle-même. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’Église n’existe plus. Je voudrais vous rappeler que l’Église n’est pas le bâtiment où les chrétiens se réunissent régulièrement, mais la communauté des croyants. Une communauté est par définition vivante. En effet, si chacun reste chez soi et ne participe pas activement à faire vivre la communauté, celle-ci ne tarde pas à perdre de son attrait, ce qui précipite sa chute.

C’est un véritable défi pour l’Église d’aujourd’hui, c’est-à-dire pour chacun d’entre nous. Dieu nous invite, je dirais même qu’il nous appelle, à faire vivre et grandir notre communauté. Il existe de nombreuses « méthodes » pour y parvenir, mais Paul et le Christ lui-même nous rappellent que, quelles que soient la méthode et la culture, l’ingrédient essentiel que nous devons demander, rechercher de tout notre cœur et cultiver par une communion authentique avec l’Esprit Saint, c’est l’amour !


*Eric Belloy est directeur du centre Espoir Médias (Fédération des Eglises adventistes de Suisse romande et du Tessin).

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