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Témoignage : Le miracle terrestre n’a pas eu lieu….mais il y en a un plus grand

By 5 avril 2019mai 19th, 2019No Comments

J’étais au bureau quand j’ai eu l’appel téléphonique de mon mari en pleurs “je suis désolé, c’est une métastase d’un mélanome”. Allant le rejoindre pour la suite des examens, je criais à Dieu au volant de ma voiture  “Seigneur ne m’enlève pas mon mari, n’enlève pas le père de Jonathan et Baptiste” dans ces circonstances, on ne cherche pas à faire des prières élaborées, on ne réfléchit pas, cadre de santé je connaissais le pronostic statistique de ce cancer stade 4. La vie m’apparaissait si cruelle à nouveau, nous étions mariés depuis 5 ans, nous avions déjà passé des épreuves difficiles et alors que nous pensions pouvoir nous poser dans une forme de tranquillité le pire arrivait. Je pourrais évoquer de nombreuses expériences durant ces deux années de maladie, des prières de soutien de l’église, l’aide des amis, la présence et l’engagement sans limites de mon frère Pierre médecin, de l’empathie des uns et des autres, de la rencontre d’un médecin neurochirurgien et d’un professeur de dermatologie faisant preuve d’humanité, mais je ne ferai que relater de nombreuses étapes du passé, il faut aller au-delà.

J’ai toujours été mal à l’aise par la formule “c’est la volonté de Dieu”, de la volonté de Dieu je ne connais qu’une chose “c’est que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité”, je ne peux pas envisager que notre Dieu veuille la souffrance d’aucun de ses enfants. Alors quel témoignage une telle histoire peut-elle laisser? Pour moi, il y a celui de l’amour et de l’Espérance.

Je savais que la maladie mettait à l’épreuve les fondements du couple, il y a temps de pertes à assumer, les projets à stopper, les changements physiques à accepter, les pertes financières, les visites médicales, les attentes de résultats et la crainte des résultats, les bonnes nouvelles dont on rend gloire à Dieu, les mauvaises qui nous ramènent à prier désespérément.  Je me souvenais de cette promesse faite dans la nature le jour de notre mariage “je serai là pour toi dans les jours de joie, et de peine, je serai ton épouse, ton amante et ton amie” et voilà qu’il fallait représenter à sa demande, mon “amour” devant les médecins lorsqu’il ne pouvait plus lui-même exprimer sa volonté. Être sa personne de confiance.

En France, chaque patient peut désigner une personne de confiance, sachant qu’il ne s’agit pas forcément du conjoint ou d’un parent. Mon mari voulait que je sois sa personne de confiance. J’ai pris la mesure de cette responsabilité, quand les médecins ont commencé à m’interpeler me confrontant aux examens complémentaires, notamment IRM cérébrale, car après 18 mois de traitement innovant, qui avait résorbé les métastases du foie et du poumon, est arrivée celle que nous redoutions, la tumeur cérébrale. Après deux opérations, le neurochirurgien me convoqua, ne pas parler à mon mari en premier, était de mauvais présage. Il avait déjà prévenu mon frère le médecin traitant, qu’il n’allait plus opérer cette troisième récidive en 3 mois. La tumeur avait repris de plus belle et avait atteint la dure-mère, il fallait envisager les soins palliatifs. Mon frère s’était mis en route pour nous l’annoncer lui-même, mais le médecin m’ayant croisée a pris les choses en main, avec humanité, comme il le pouvait, mais il n’y a pas de bonne manière pour de telles annonces. Je me suis alors entendue parler, certes émue, mais divinement inspirée. Aujourd’hui encore je suis stupéfaite d’avoir oser contrecarrer la décision collégiale des médecins, démuni devant mon argumentaire, le médecin changea d’avis, et accepta de réopérer, afin de nous donner du temps pour nous préparer. A l’issue de cette opération, sans grandes séquelles, hors mis un champ visuel altéré, ce qui était un miracle en soi, les choses sont allées en s’améliorant durant 3 mois, puis des complications se sont greffées sur un organisme fragilisé. Mon mari est décédé, le miracle n’a pas eu lieu, mais nous avons pu l’accompagner, nous témoigner de notre amour, et sa rencontre avec Dieu, de ses propres mots a été réelle en prenant vie  de plus en plus en lui.

La plus grande action de Dieu réside certainement dans cette conversion, dans le cheminement que nous avons fait en couple, en famille, avec ses fils, ses amis et l’église. J’ai la certitude que Stéphane, mon mari, était en communion avec Dieu, qu’il a accepté son sauveur, qu’il a été vainqueur et il est un exemple pour moi.

Ce témoignage ne doit attrister personne, mais donner courage à nous accompagner mutuellement empreint de l’inspiration de notre Dieu. Nous savons que les aléas de  notre vie, peuvent nous amener vers des questionnements voire des souffrances, mais cette vie terrestre est ainsi faite, l’essentiel est ailleurs. C’est l’espérance d’une vie éternelle, avec notre Dieu et ceux que nous avons aimés, qui doit nous animer et permettre de relever nos têtes, de panser nos plaies et de partager ce message avec ceux qui nous entourent. Aussi déchirantes que soient les séparations, aussi fort doit être le message de l’espérance que nous devons vivre et propager.

Régine Baumeister (Colmar)

Author Pôle communications

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