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Cultiver la résilience en plein milieu d’une « peste » – 2ème Partie

2 février 2022 | Loma Linda, Californie, États-Unis | Par Carlos Fayard, PhD, pour les Actualités de la Division Inter Américaine

Ce que nous croyons compte. Il serait à la fois trop simpliste et carrément incorrect d’affirmer que la foi de John Donne (voir la 1re partie de cet article) lui a permis de traverser la peste indemne. Ses Dévotions rivalisent avec les Lamentations de Jérémie. Lui aussi a remis en question l’attention et la présence de Dieu, il a eu du mal à trouver du sens à travers les symptômes graves et débilitants de la peste bubonique et a fait face à la mort avec appréhension. Il a lutté mais n’a pas désespéré dans le sens où l’entendait le psychiatre Viktor Frankl, un survivant d’un camp de concentration. Frankl a défini le désespoir comme une souffrance sans signification. Ces versets célèbres révèlent sa croyance profonde :

« Mort, ne soit pas fière, même si certains t’ont appelée

Puissante et redoutable, car tu ne l’es pas…

… Un court sommeil passé, nous nous réveillons éternellement.

Et la mort ne sera plus. Mort tu mourras » (1)

Comment y arriver alors que la peste fait toujours rage ? Comment mettre en phase nos croyances avec des convictions qui donnent la vie et inspirent l’espoir ? Comme décrit dans la 1re partie, avoir le fruit de l’Esprit équivaut psychologiquement à avoir un esprit résilient. Et pour jouir du fruit de l’Esprit, le fruit doit être solidement attaché au cep (Jean 15:1). Alors que nous demeurons en Christ, y a-t-il des moyens de « cultiver » l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la douceur et la maîtrise de soi (Galates 5 : 22-25) ?

Si vous êtes comme moi et la plupart de tous ceux que je connais, nous avons du mal à profiter du fruit de l’Esprit même lorsque nous ne sommes pas confrontés à la maladie grave à laquelle John Donne a dû faire face. Bien que détailler les spécificités de chaque vertu ou fruit dépasse le cadre de ce bref article, permettez-moi de partager ici comment vous pouvez « cultiver » l’un d’entre eux dans votre vie : l’amour.

Jésus donne les bases pour cultiver l’amour dans Matthieu 22 : 37-38 : « Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. 39 Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

  • « Tu aimeras le Seigneur » : vous ne pouvez aimer quelqu’un que vous ne connaissez pas. Apprenez à connaître Dieu en sondant les Écritures et en méditant sur son amour. Ellen G. White, co-fondatrice de l’Église adventiste du septième jour, recommande que nous utilisions notre imagination pour que prenne vie dans nos esprits ce que cela signifie (2) de vraiment faire l’expérience de l’amour du Christ de « toute votre pensée. » L’imagination sollicite l’esprit et elle affecte comme les mots seuls, eux, ne peuvent le faire. Vous ferez l’expérience comme John Donne d’une « élévation de l’âme. » Dans le langage d’aujourd’hui, vous pouvez vous sentir aimé, c’est-à-dire que vous vous sentirez en sécurité et jamais seul.
  • « Tu aimeras ton prochain » : les bienfaits psychologiques des actes de service et d’une attitude prosociale sont bien connus. La neuroscience affective a cartographié les circuits neuronaux et les substances neurochimiques impliquées. Cela nous permet d’être en meilleure santé et résilients. Regardez autour de vous. Sortez de vous-même. Voyez les besoins autour de vous et répondez-y.
  • « Comme toi-même » : quoi ? ! Attendez une minute ! Nous devons mourir à nous-mêmes, n’est-ce pas (voir Luc 14:27) ? Oui. La Bible traite avec perspicacité de ce que les psychologues appellent « le parti pris de la supériorité personnelle. » Ce parti pris est la tendance très humaine, extrêmement courante et bien documentée selon laquelle nous devons croire que nous sommes meilleurs que ceux qui nous entourent. C’est peut-être la raison pour laquelle la Bible souligne constamment l’importance de l’humilité, de la douceur et de la maîtrise de soi, et en dit moins sur « l’amour de soi. » Comment devons-nous garder ce « commandement » (v. 38) ?

Modestement et sans être dogmatique, permettez-moi de partager ma compréhension limitée sur le sujet (3). Premièrement, le véritable amour de soi ne peut avoir lieu que dans le contexte de la véritable humilité et du respect de l’amour que Dieu a pour nous. Deuxièmement, la Bible n’enseigne pas que nous devons nous faire insulte afin de pouvoir mourir à nous-mêmes. En fait, Paul nous dit dans Romains 12 : 3 : « Je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes. » En d’autres termes, soyez « raisonnable, » ne pratiquez pas le parti pris de la supériorité personnelle, mais ne vous dénigrez pas non plus. De plus, dans Hébreux 2, Paul cite le psalmiste qui révèle la perception de Dieu au sujet de qui nous sommes : « de peu inférieur aux anges, » et « couronné de gloire et de magnificence. » (8 : 5)

Ceux qui sont à l’opposé de la supériorité personnelle luttent avec une vision d’eux-mêmes qui est très éloignée de la façon dont Dieu les voit. Bien que nous ayons tous besoin de nous aimer nous-mêmes d’une manière similaire à la façon dont nous aimons notre prochain, ceux qui ont du mal à avoir une vision « raisonnable » d’eux-mêmes devraient peut-être cultiver un véritable sens de l’amour et de la compassion et se voir comme Dieu les voit. Si vous faites partie de ce groupe, réfléchissez à la façon dont 1 Corinthiens 13 peut s’appliquer à vous.

Pourquoi ne pas cultiver une conviction personnelle qui reflète ce qu’est un amour de soi convenable. Comment répondez-vous à ces questions : êtes-vous « bon » (v. 4) avec vous-même ? Êtes-vous « patient » (v. 4) avec vous-même ? Vous mettez-vous « facilement » en colère contre vous-même (v. 5) ? « Gardez-vous une trace de vos fautes » (v. 5) ? Si depuis un certain temps vous n’avez pas cultivé un amour convenable de vous-même, il est fort probable que votre regard sur vous-même soit dénigrant et douloureusement négatif. Paul précise que l’amour ne se vante pas et ne s’enfle pas d’orgueil (v. 4). Il n’est pas égoïste et ne perd pas de temps à se comparer aux autres (v. 5). Au contraire, il « se réjouit de la vérité » (v. 6). Et la vérité est que vous êtes de peu inférieur à un ange du ciel et vous êtes couronné de la gloire de Dieu. Ce serait bien que vous cultiviez une conviction personnelle qui reflète les principes contenus dans 1 Corinthiens 13.

Enfin, pour cultiver la résilience en temps de « peste, » ce que vous croyez compte. Restez connecté au cep (Jean 15) pour porter le fruit de l’Esprit (Galates 5), en cultivant l’amour de Dieu, l’amour du prochain et un amour de soi convenable (Matthieu 23).


White, E.G. Jésus-Christ. Mountain View : Pacific Press Publishing Association. Pg. 67

  • Yancey, Philip (2021) A Companion in Crisis; A Modern Paraphrase of John Donne’s Devotions. (Un compagnon en crise ; Une paraphrase moderne des dévotions de John Donne) Littleton: Illumify Medial Global.
  • White, E.G. (1893) Jésus-Christ. Mountain View: Pacific Press Publishing Association. Pg. 67
  • Pour une description détaillée, voir Fayard, Carlos (2021) Heart at Peace. (Un Cœur en Paix) Doral: Inter-American Division Publishing Association.

Carlos Fayard, PhD est professeur agrégé et directeur du Centre Collaboratif de l’OMS pour la Formation et la Santé Mentale Communautaire au Département de Psychiatrie, à la Faculté de Médecine de l’Université de Loma Linda. Il est l’auteur de « Principes Chrétiens pour la Pratique de la relation d’Aide et de la Psychothérapie, » et de « Un Cœur en Paix. »


Traduction : Patrick Luciathe

Author Pôle communications

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